Le montant des honoraires : un mauvais calcul
Consulter un avocat a un coût, c’est indéniable. Certains préfèrent donc éviter cette dépense, pensant faire des économies. Mais combien coûte un litige mal anticipé ? Une clause d’indemnité mal rédigée ou une obligation implicite non identifiée peuvent générer des pertes bien supérieures aux honoraires d’un avocat consulté en amont.
Prenons l’exemple d’un cadre intéressé au capital de son entreprise. Il peut ne pas avoir le réflexe de consulter un avocat, faisant confiance à son employeur et supposant que la société a déjà mandaté un conseil. Or, il s’agit du conseil de l’entreprise et non du salarié. L’avocat a certainement inséré une clause de « bad leaver » dans le pacte d’associés. Cette clause peut créer une obligation à l’égard du salarié de céder ses titres à leur prix d’acquisition dans certains cas de départ. Si les actions ont été attribuées gratuitement au salarié, la revente se fera donc à 0 €. En conséquence, le manque à gagner peut s’avérer bien plus important que le coût d’un avocat.
L’urgence : un piège qui peut coûter cher
Le manque de temps est une excuse fréquente pour ne pas consulter un avocat. Cette pression du temps peut provenir de différents interlocuteurs :
- Un contexte professionnel exigeant : dans un environnement où les opportunités sont brèves, certains dirigeants craignent que le délai pour consulter un avocat ne compromette une transaction. « Si je ne signe pas aujourd’hui, un concurrent prendra ma place », pensent-ils. Pourtant, prendre le temps pour une analyse préventive peut éviter des mois de contentieux.
- Un manque supposé de réactivité de la part des avocats : d’autres vont invoquer le manque de réactivité ou l’indisponibilité de leur conseil pour justifier une signature précipitée. Or, le métier d’avocat consiste à gérer des urgences et fournir un avis rapide lorsque l’enjeu l’exige.
- Une pratique juridique discutable : la pression du temps peut venir du conseil lui-même. Il arrive que des avocats transmettent les documents dans un délai trop court avant leur signature, laissant peu de temps pour une véritable analyse. Mais le rôle d’un conseil ne se limite pas à la simple rédaction d’un contrat, il se doit également d’en expliquer les implications à son client.
Signer sans lire revient à renoncer à son pouvoir de decision…
Le jargon juridique : un faux obstacle
Les actes juridiques sont souvent perçus comme étant trop longs, trop techniques et truffés de termes obscurs. Certains signataires renoncent à les lire et préfèrent s’appuyer sur des modèles en ligne :
- Rédiger soi-même un contrat peut conduire à des formulations inexactes, ne traduisant pas fidèlement la volonté des parties ;
- S’appuyer sur des contrats types trouvés sur Internet ou chez un concurrent (les conditions générales de vente par exemple) peut sembler rassurant, mais chaque entreprise et chaque situation juridique est unique. Un modèle standard peut contenir des clauses inadaptées aux besoins réels. Le contrat standard s’avère donc être une illusion.
L’avocat n’est pas seulement rédacteur. Il s’assure également que son client comprenne ce à quoi il s’engage.
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Une confiance excessive dans ses partenaires : un risque sous-estime
Certains font aveuglément confiance à leurs partenaires ou à leurs propres conseils juridiques à tort :
Certains considèrent leur cocontractant comme un partenaire de confiance, avec lequel ils collaborent depuis des années et n’imaginent pas qu’une clause puisse leur être défavorable. Cependant, un contrat est un équilibre d’intérêts et chaque mot compte, a fortiori lorsque la relation commerciale se tend. Dans ce cas, le recours au contrat prime sur la pratique et sur les accords oraux.
Se fier totalement à son avocat sans relire les actes attentivement peut aussi poser un problème. L’avocat traduit juridiquement ce que son client lui expose et ce qu’il en a compris, mais ne peut deviner toutes les nuances des accords tacites. Une lecture attentive reste donc indispensable au risque de signer un document qui ne reflète pas fidèlement son intention et ce qu’il a voulu signer. Un bon acte juridique est un acte coconstruit entre l’avocat et son client.
Entourez-vous de conseils pour protéger au mieux vos intérêts
Signer sans lire revient à renoncer à son pouvoir de décision. Consulter un avocat ne doit pas être perçu comme une contrainte, mais comme un préalable essentiel à la prise de décision, afin de s’assurer que ce qui est signé reflète bien ce qui a été négocié. Prenez le temps, analysez, et faites-vous conseiller. Vous en ressortirez toujours gagnant.