C’est un petit bout de femme pétillante, avec une voix d’héroïne à la Disney, pleine d’entrain, qui nous accueille dans les locaux de son entreprise Marc & Betty à Bellevigny. Son bureau, dépersonnalisé au possible, tranche singulièrement avec l’impression immédiatement chaleureuse qui se dégage de cette dirigeante de 45 ans. Quand on s’en étonne, la réponse fuse : elle n’a pas encore eu le temps de se consacrer à la décoration, l’entreprise ayant emménagé dans ces nouveaux locaux durant l’été. En revanche, elle a une idée très précise de ce qu’elle veut accrocher aux murs : des photos de personnes qui l’inspirent. « Il y aura forcément Simone Veil, ainsi que mes grands-parents et mes parents », annonce-t-elle d’emblée. Sans oublier Steve Jobs, qu’elle dit citer à tout bout de champ et qui l’inspire tant pour son côté visionnaire que pour sa persévérance. « Le mec a quand même supprimé les touches du téléphone ! », s’enthousiasme-t-elle.
Cet enthousiasme, communicatif, est l’un des marqueurs de la personnalité de Betty Vergnaud. Il va de pair avec un besoin d’activité permanente, que ce soit sur son temps professionnel ou personnel. Elle confesse avec une spontanéité désarmante que son mari lui dit régulièrement qu’elle est « épuisante » à vouloir toujours programmer quelque chose. « Je pense que je suis un petit peu hyperactive », reconnaît-elle en riant.
Je n’aimais pas l’école : je ne voyais pas le sens de tout ce que l’on voulait me faire avaler.
Dirigeante de plusieurs activités, elle est aussi administratrice d’une banque où elle joue naturellement le rôle de trublion, posant souvent les questions que personne n’ose formuler. Sans oublier son investissement dans l’association des Dirigeants responsables de l’Ouest depuis des années. Son mantra ? « Je suis obsédée par l’utilité, ça c’est un problème », estime-t-elle non sans humour. Sur le plan privé aussi, les moments vides sont rarissimes. Si elle ne se reconnaît pas de passion, elle a en revanche dressé « une liste de choses à faire avant de mourir », comme apprendre à jouer de la guitare classique ou à jardiner… Là encore, elle cultive le registre de l’utile.
Dans cette débauche d’énergie et d’activité permanentes qui en impressionnent plus d’un dans son entourage, le travail occupe une place centrale. C’est même une valeur fondamentale pour Betty. Accueillant une classe de BTS venue visiter l’entreprise, elle a bousculé les jeunes en leur reprochant de ne pas avoir encore travaillé. « Le travail ce n’est pas avilissant, c’est ce qui fait que les gens se réalisent ! Ça permet de se sentir utile ! », les a-t-elle admonestés. Une franchise qui a déstabilisé au passage l’enseignante, ce dont elle n’a cure : « Je ne me fais pas que des copains, mais je suis arrivée à un âge où je m’en moque. Comme dit mon mari, on n’a déjà pas le temps de voir les gens qu’on aime, alors s’il y en a qui ne nous aiment pas, ce n’est pas grave ! »
Un talent de conteuse… et d’animatrice
La valeur travail lui a été inculquée dès ses plus jeunes années. « Il était au centre de notre éducation. Si on voulait voir nos parents, il fallait que l’on soit avec eux à travailler », raconte-t-elle encore pour illustrer son enfance. Très tôt, elle et son frère cadet Marc, qui a conduit pendant plusieurs années l’entreprise familiale avec elle, sont mis à contribution, à la hauteur de leurs moyens. Son père multiplie les activités, faisant son pain et ses viennoiseries la nuit afin de remplir les distributeurs de sandwichs et viennoiseries implantés alors essentiellement dans les lycées de Vendée et de Loire-Atlantique. Une…