Couverture du journal du 03/05/2024 Le nouveau magazine

Adèle Fugère : « Le monde de l’enfance n’est pas forcément rose bonbon »  

J’ai 8 ans et je m’appelle Jean Rochefort, c’est l’histoire de Rosalie, une petite fille pas vraiment à l’aise dans ses baskets, qui a des idées noires, malgré la présence de parents aimants, d’un grand-père attentionné et d’un ami fidèle. Un matin, elle se réveille avec la moustache de Jean Rochefort. Et si c’était ça, le remède à son mal-être ? Rencontre avec la journaliste vendéenne Adèle Fugère, qui signe ici son tout premier roman.  

Adèle Fugère © Ph. MATSAS - BUCHET-CHASTEL

Quand et comment avez-vous imaginé cette histoire ?

Cela fait une vingtaine d’années que j’avais en tête l’idée d’écrire sur une petite fille qui ne va pas très bien, mais qui n’a pas véritablement de raison de l’être. Le monde de l’enfance n’est pas forcément rose bonbon, jaune citron ou bleu azur. Pour évoquer ce thème, j’avais besoin de trouver un angle. Je suis journaliste, pas pédopsychiatre, et surtout je voulais que mon texte soit à la fois drôle, léger et absurde. La mort de Jean Rochefort en octobre 2017, a été un déclic. J’ai toujours aimé cet acteur, son côté clown triste. Toute petite, je regardais des émissions dans lesquelles il apparaissait, je lisais ses interviews et recueillais des verbatims dans des carnets. Un jour, un ami m’a fait remarquer que j’avais réussi à recueillir assez de matière pour en faire une histoire. C’est ainsi qu’est né le personnage de Rosalie et l’idée de la transformer en Jean Rochefort pour qu’elle aille mieux.

Est-ce qu’il y a un peu de vous dans le personnage de Rosalie ?

Petite, j’étais plus timide que Rosalie, mais moi aussi j’avais conscience que, de temps en temps, j’allais moins bien. Il y avait chez moi une sorte de mélancolie latente, même si je ne prenais pas le parti de me morfondre. Mais si j’ai des points communs avec cette petite fille, je n’ai pas cherché à créer un personnage à mon image.

Quel genre d’écrivain êtes-vous ? De quelle façon travaillez-vous ?

J’ai des carnets dans lesquels je note mes idées. Mais avant de me lancer dans l’écriture, j’ai mon plan en tête. Je n’écris pas au fil de l’eau, je sais où je veux aller. Et d’ailleurs, la plupart du temps, j’ai la première phrase, qui n’est pas forcément compliquée, mais qui est très importante parce qu’elle va conditionner le reste. Quant à mon style en lui-même, j’aime la simplicité. Cela vient de l’époque où j’écrivais des chroniques radio. J’écris et ensuite j’élague beaucoup. À l’image d’un artichaut, j’enlève les feuilles pour aller au cœur, à l’essentiel.  

Vous êtes journaliste, animatrice, illustratrice[1] et écrivain. Ne seriez-vous pas un peu hyperactive ?

J’ai beaucoup d’activités pour ne pas me lasser. Quand je n’arrive pas à écrire, je dessine et inversement, ou alors je passe à autre chose. J’ai toujours fonctionné ainsi. Je pense que le fait d’avoir été pendant ma jeunesse assez réservée, m’a permis de m’évader par la lecture, de cultiver ma curiosité.  

© Ph. MATSAS – BUCHET-CHASTEL

« J’ai 8 ans et je m’appelle Jean Rochefort », Adèle Fugère, Éditions Buchet Chastel, 13,50 € 

[1] Via les réseaux sociaux (#adelefaitdesonmieux), Adèle Fugère détourne avec ses dessins les objets du quotidien.