Couverture du journal du 01/09/2025 Le nouveau magazine

Entretien avec Solenn Cosotti, fondatrice de la revue Étonnantes

Fondatrice de la revue Étonnantes, semestriel qui met en avant des femmes au parcours de vie inspirant, Solenn Cosotti s’est lancée dans l’aventure entrepreneuriale comme on se jette à l’eau. De journaliste parisienne dans la mode à éditrice d’une revue féministe qu’elle pilote désormais depuis Batz-sur-Mer, en passant par l’enseignement dans la métropole nantaise, portrait d’une femme engagée, à la fois discrète et remarquable.

Solenn Cosotti, fondatrice revue Etonnantes

Solenn Cosotti, fondatrice de la revue Etonnantes © Benjamin Lachenal

C’est dans une maison à Batz-sur-Mer, en bordure des marais salants, que se déroule la rencontre avec Solenn Cosotti. « On a l’impression d’être en vacances perpétuelles », commente en souriant la jeune femme de 33 ans en nous accueillant. Un retour aux sources pour cette Bretonne pur jus qui s’est installée loin de l’effervescence urbaine avec son mari et leurs quatre enfants. Et un changement de vie post confinement alors qu’ils vivaient à six dans un petit appartement nantais. Solenn Cosotti est elle-même issue d’une famille nombreuse. Deuxième d’une fratrie de cinq enfants, elle n’imaginait pas construire un autre modèle. Dans un foyer où chacun était encouragé à trouver sa voie, sa vocation pour le journalisme naît très tôt. Dès le collège, elle sait qu’elle veut en faire son métier. « J’ai toujours aimé écrire, je faisais déjà mes magazines en primaire », confie-t-elle, évoquant une « espèce de journal » réalisé sur des petits cahiers, où elle découpait les photos des stars de l’époque, qu’elle annotait. Pour l’anecdote, parmi ses références de l’époque, elle nomme en riant un groupe icône du « girl power » : les Spice Girls.

UN PAS DE CÔTÉ

Élève sérieuse (elle dit avoir « le syndrome de la bonne élève »), elle suit dès lors le parcours royal pour devenir journaliste. Prépa hypokhâgne et khâgne, Sciences Po. Pourtant, partie à Québec pour effectuer son master 1, elle fait « un pas de côté » en s’orientant non pas vers la presse d’information générale, mais vers la mode, milieu qui l’a toujours attirée. Elle abandonne d’ailleurs Sciences Po pour intégrer l’Université de la mode à Lyon afin d’y acquérir les fondamentaux. Entrée à la rédaction de Stiletto par la petite porte, pour effectuer un stage, son sérieux et son implication ne passent pas inaperçus. Elle y restera finalement deux ans, faisant ses armes dans le métier aux côtés de la fondatrice, Laurence Benaïm, une professionnelle « dure » et « exigeante » pour une expérience qu’elle qualifie, avec le recul, de « très formatrice ». Défilés, séances photos, coulisses, « j’ai pu voir tout ce qui fait rêver dans l’univers de la mode à Paris », décrit-elle. C’est aussi chez Stiletto qu’elle rencontre son futur mari, le photographe Rémy Lidereau.

À 24 ans, contactée par Dior qui crée alors son magazine, Solenn saisit l’opportunité. « Ça ne se refusait pas d’entrer dans une maison comme celle-là. » Mais, très vite, la jeune femme se heurte aux contraintes de cette « grosse machine ». Hiérarchie pesante, prise d’initiatives contrariées, sujets redondants… elle se sent à l’étroit dans cette organisation. Alors qu’elle attend leur premier enfant, un week-end passé à Nantes va jouer sur l’avenir du couple. Ils ont un coup de cœur pour la cité des ducs de Bretagne et décident d’y fonder leur famille en 2013. « Elle voulait se rapprocher de la mer et de sa mère », commente joliment son mari. Elle continue d’abord d…