D’où vous vient votre passion pour les feux d’artifice ?
Honnêtement, je n’ai pas d’explication, à part le fait, peut-être, d’être né un 14 juillet. Les feux d’artifice ont quelque chose d’assez magique qui captive les foules. C’est lorsque j’étais instituteur que je suis vraiment tombé dedans. Entre 1976 et 1986, avec les écoles du secteur, nous organisions en effet une grande fête d’école devenue au fil du temps un événement populaire : les Fêtes de la Limouzinière. Elles ont réuni jusqu’à 500 bénévoles et 30 000 spectateurs. Les bénéfices servaient à financer des projets d’école, du matériel, des activités… En guise de bouquet final, il y avait un feu d’artifice et moi, j’aimais passer le maximum de temps avec les artificiers, émerveillé comme un gamin.
Comment avez-vous décidé d’en faire votre métier ?
En 1988, à 41 ans, j’ai démissionné de mon poste d’instituteur. Non que je n’aimais plus ce métier, mais simplement pour vivre ma passion pour le feu d’artifice. Je me suis lancé avec l’inconscience la plus totale et, paradoxalement, avec la conviction profonde que si je ne le faisais pas immédiatement, je ne le ferais jamais. J’étais certain de réussir. Je suis parti en Espagne pour me former. En deux mois, j’avais tout compris. C’est donc confiant que je suis allé voir le banquier pour lui expliquer que je voulais monter une société de spectacle. Il s’est moqué de moi : ce fut humiliant. Alors, fin octobre 1988, c’est avec le soutien financier d’anciens parents d’élèves et de copains que j’ai créé la société Jacques Couturier Organisation. Le 1er janvier 1989, avec mes amis espagnols, nous avons réalisé notre premier spectacle pyrotechnique pour le bicentenaire de la Révolution, place Napoléon, à La Roche-sur-Yon : une grande réussite.
Quels ont été vos atouts pour ce premier succès ?
J’aime les challenges un peu fous et, à l’époque, j’avais déjà un solide sens de l’organisation et une bonne connaissance du monde du spectacle. Fort de mon expérience des Fêtes de la Limouzinière, j’avais en effet créé en 1987 l’association yonnaise Artifices qui proposait des spectacles musicaux pour le troisième âge, où l’on recevait jusqu’à 3 000 personnes. Et puis, ça a vite dérivé vers le feu d’artifice. En parallèle, avec l’association Le Pays de Rochereau, j’avais monté le spectacle “Baudelaire enflamme la nuit”, qui a eu un bel écho et pour lequel nous avions de grands partenaires médias et entreprises comme Fleury Michon, le Crédit Agricole, le Crédit Mutuel… Sans ces expériences, sans ce réseau, jamais je n’aurais pu créer et développer mon entreprise.
Ne pas être issu du monde des artificiers a été, selon vous, une chance pour vous démarquer. Pourquoi ?
Comme je ne connaissais pas le métier, je n’en avais pas les codes. Donc ce que je faisais ne ressemblait à rien d’autre. Dans les années 1980, les feux d’artifice étaient techniquement très structurés, sans mise en scène ou musique pour les accompagner. Je trouvais ça ennuyeux. Moi, j’aime raconter des histoires. Alors j’ai imaginé des spectacles thématiques avec des textes et de la musique. À partir de là, une fois que la bande-son était aboutie, nous allions créer les visuels. La technique était au service de l’émotion, jamais l’inverse. C’est toujours le cas aujourd’hui. Ce format inédit correspondait aux attentes du public de l’époque et a marqué un tournant dans l’histoire du feu d’artifice.
En 1990, un certain Michel Drucker donne un coup de pouce au destin de la jeune société. Comment ?
Un jour, nous avons reçu un appel de Productions DMD, la société de Michel Drucker qui produit toutes ses émissions. Ils cherchaient un prestataire pour assurer les effets spéciaux et réaliser le spectacle pyrotechnique de la dernière émission de Champs Elysées, dont le tournage était prévu au Futuroscope. Au départ, j’ai cru à un canular. Puis, j’ai appelé le Futuroscope à qui je venais de propose…