À l’origine de la création de votre entreprise, il y a un appel téléphonique en 2014. Au bout du fil, votre futur associé, David Hoffmann. Pouvez-vous nous en dire plus ?
À l’époque, j’étais déjà chef d’entreprise, à la tête des sociétés Argilus et Gillaizeau Terre Cuite. David était, lui, chef de laboratoire chez Séché Environnement à Laval depuis une vingtaine d’années. Pendant son temps libre, il travaillait sur des projets scientifiques liés aux géopolymères (mélanges de minéraux naturels dont la prise se fait à température ambiante, NDLR), à l’activation alcaline qui s’oppose à l’activation cristalline, procédé employé dans le ciment traditionnel. Il a décidé de me contacter, probablement parce qu’il avait senti que j’avais moi aussi une sensibilité environnementale. Je travaillais en effet déjà avec des éco-matériaux. David Hoffmann m’a expliqué qu’il était parvenu à durcir des éléments et à obtenir une sorte de bloc de béton, sans utiliser de calcaire, et surtout sans cuisson, contrairement aux process habituels, avec en plus, un bilan CO2 relativement raisonnable. J’ai tout de suite trouvé ça extraordinaire. À ce moment-là, on parlait peu des émissions de gaz à effet de serre. Je me souviens que lors de mes premières présentations auprès de l’Ademe, cette notion n’était pas encore une préoccupation majeure. David Hoffmann s’était, de son côté, vu refuser l’accès à un certain nombre d’entreprises. Ses travaux n’étaient pas encore considérés comme importants. Aujourd’hui, on se rend compte que nous étions en avance sur ces sujets-là.
Que s’est-il passé par la suite ?
Je lui ai donné rendez-vous au siège de l’entreprise Argilus, à Chaillé-sous-les-Ormeaux. David Hoffmann est arrivé avec quelques échantillons en main pour me montrer ce qu’il avait réussi à faire. Nous sommes clairement partis d’une page blanche. Nous avons créé un laboratoire pour faire des essais, et avons fondé notre entreprise en commun en 2015. Le premier brevet a été déposé en 2016. Nous en avons douze aujourd’hui : français, européens, américains et chinois.
Un ciment est dit “vert“ quand la fabrication d’une tonne génère moins de 468 kilos de CO2. Nos ciments sont largement sous ce seuil, aux alentours de 180 à 250 kilos d’émissions.
Qu’est-ce qu’un ciment vert ?
Selon la réglementation européenne, unement sous ce seuil, soit aux alentours de 180 à 250 kilos d’émissions et sont ainsi les plus décarbonés en France et en Europe. Nos formulations ne contiennent pas de clinker, cette matière fabriquée à partir d’une cuisson à haute température, contrairement à une cimenterie traditionnelle qui, elle, cuit le calcaire à 1 450 degrés durant plusieurs heures. Nous, nous utilisons des co-produits industriels, que nous mettons en contact avec nos activateurs brevetés, sans les chauffer. Ces co-produits sont des argiles, des gypses issus de plaques de plâtre, ou encore des laitiers de hauts-fourneaux[1], que nous récupérons auprès d’une dizaine de fournisseurs en France, notamment dans l’Ouest. Notre procédé de fabrication est donc peu énergivore et peu émetteur de CO2. J’ajoute que, pour mettre au point ces nouveaux ciments, nous avons obtenu toutes les certifications possibles. Nos produits servent à construire des écoles, des hôpitaux, ou encore des logements collectifs. On ne pourrait bien évidemment pas se permettre le moindre problème sur un chantier.
Qui sont les grands acteurs du secteur en France et en Europe, et où se situe Hoffmann Green ?
Il y a aujourd’hui cinq majors européennes : le Français Lafarge et le Suisse Holcim (les deux groupes ont fusionné, NDLR), l’Allemand Heidelberg, l’entreprise française Vicat et Eqiom, filiale française du groupe irlandais CRH. Et selon la DGE, la Direction générale des entreprises, HGCT est le sixième cimentier français, mai…