Couverture du journal du 01/10/2025 Le nouveau magazine

Magalie Jost, codirigeante de Nature et Aliments: « Défendre une alimentation saine »

Depuis 110 ans, Nature et Aliments crée des préparations alimentaires en poudre prêtes à l’emploi. Dès 1978, la PME familiale née à Nantes (4,7 M€ de CA en 2022 pour 20 salariés) a opté pour des ingrédients biologiques afin de défendre la qualité nutritionnelle et un plus faible impact sur l’environnement. Un moyen également de s’engager sur la santé et le social pour l’entreprise devenue société à mission en 2021. Rencontre avec Magalie Jost, codirigeante depuis 2011.

Magalie Jost, codirigeante de Nature et Aliments ©B.Lachenal

Magalie Jost, codirigeante de Nature et Aliments ©B.Lachenal

Pouvez-vous revenir sur la création de l’entreprise ?

C’est Eugène Jost, acheteur de matières premières chez LU à Nantes, qui l’a créée il y a 110 ans. Lors d’un déplacement en Angleterre, il a eu l’occasion de goûter les blancs-mangers, des desserts faits à base d’algues. Ça lui a rappelé les gâteaux de sa grand-mère et à son retour, il a décidé de lancer sa propre activité.

Pour gélifier sa préparation, il a introduit l’agar-agar dans son dessert, une algue qu’il avait découverte lors d’un voyage professionnel au Japon. Il a ainsi créé le premier dessert à base de gélifiant en poudre, aromatisé, sans sucres ajoutés, prêt à l’emploi. Le tout conditionné en sachets de cinq grammes, remplis à la cuillère à l’aide d’une balance Roberval, par une soixantaine de femmes. C’est comme ça que sont nés les Entremets Plaisance en 1913. La marque a été déposée en 1919.

 

C’était l’unique activité d’Entremets Plaisance à l’époque ?

Non, elle commercialisait également des produits liés au passé maritime du port de Nantes : du sucre vanillé, de l’extrait de vanille, de la vanille gousse…

 

Quand les enfants ont-ils repris le flambeau ?

Eugène a transmis l’entreprise à son fils Stéphane au début des années 1960. Mais diriger n’était pas le fort de ce dernier. Il a confié tout l’opérationnel à sa sœur Denise et s’est focalisé sur le volet social. L’entreprise est devenue un prétexte pour réinsérer les “Blousons noirs“, ces jeunes des quartiers difficiles, et prendre une dimension philanthropique puisqu’une partie des ventes servait à financer un dispensaire au Cameroun. Puis, dans les années 1970-80, Stéphane a transmis la société à son fils Bruno, qui est mon beau-père.

 

Comment la société a-t-elle vécu l’avènement de la grande distribution ?

Au départ, les Entremets Plaisance n’étaient vendus que chez les petits épiciers. Après l’ouverture du premier hypermarché en 1963, ces derniers ont progressivement disparu. L’entreprise a alors dû s’adapter à cette nouvelle réalité : tout rationnaliser, moderniser son outil de production et faire un beau packaging pour vendre pas cher dans les grandes surfaces.

 

Nature et Aliments affiche un chiffre d'affaires 2022 de 4,7 M€ pour un effectif de 20 personnes. ©DR

Nature et Aliments affiche un chiffre d’affaires 2022 de 4,7 M€ pour un effectif de 20 personnes. ©DR

Pour quelles raisons l’entreprise a-t-elle misé sur le bio dès 1978 ?

La période des Trente Glorieuses voit l’apparition de la société de consommation de masse : produire beaucoup et pas cher. L’agriculture devient intensive et des produits de synthèse (engrais et pesticides) sont utilisés au détriment de la vie du sol. Ce mode de production ne convenait pas à Stéphane et Bruno Jost, qui s’intéressent alors à l’agriculture biologique qui commençait à se développer en Bretagne et dans tout l’Ouest.

À la fin des années 1970, Bruno Jost crée la société Nature et Aliments. Elle abritait dès 1978 Nat-Ali, une marque certifiée d’abord Nature et Progrès puis Agriculture Biologique. Ses produits sont uniquement commercialisés dans les magasins biologiques et encore aujourd’hui : Biocoop, Chlorophylle, La Vie Claire…

En 1989, l’entreprise historique et Nature et Aliments fusionnent pour s’appeler Nature et Aliments.

 

« Nous défendons le fait d’être une entreprise familiale, militante et engagée. C’est ancré dans notre ADN. »

Comment avez-vous été amenée à reprendre les rênes ?

Après ma formation d’ingénieure en technique agricole, j’ai occupé un poste en prévention du risque chimique dans une caisse centrale de mutualité sociale agricole. J’avais en charge les problématiques liées à l’utilisation de produits chimiques par les agriculteurs : pesticides, insecticides, fongicides…

Ayant de solides connaissances sur la partie amont de l’agriculture et le mode de production, mais également un œil aiguisé sur la santé utilisateur et la vie du sol, j’ai été amenée à beaucoup échanger avec mon beau-père. En 2011, il a décid…

Publié par