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Une bouffée d’Oxygène pour l’ancien site industriel S20

Rachetée par le promoteur et investisseur nantais LSH fin 2022, la friche industrielle de 20 hectares située à La Roche-sur-Yon va être entièrement dépolluée et aménagée. Fin 2024, le parc d’activités Oxygène accueillera des entreprises industrielles et logistiques. Le pilotage du projet a été confié à Oryon.

Vendée, S20, Oxygène, réindustrialisation

La friche industrielle de S20, aux Ajoncs, à La Roche-sur-Yon, vue du ciel. ©IGN

Des bâtiments à l’abandon, des tags et des ronces sur 20 hectares, soit l’équivalent de 20 terrains de foot. Difficile d’imaginer qu’ici, au cœur de la zone d’activités des Ajoncs, à La Roche-sur-Yon, se niche près d’un siècle de l’histoire industrielle de la ville. Les premières entreprises y apparaissent dans les années 1930. Et dans ce lieu emblématique, situé à quelques mètres seulement de l’aéroport d’affaires, on a tour à tour fabriqué des pièces, pour l’aviation puis pour l’automobile, avant de se tourner dans les années 50 vers l’électroménager[1].

À son heure de gloire, dans les années 80-90, l’usine Esswein a employé plus de 2 000 personnes et a produit jusqu’à 300 000 lave-vaisselles par an. Après deux dépôts de bilan, un passage chez Thomson puis Fagor-Brandt, le site est repris en 2014 par trois anciens cadres. Mais en 2019, S20 Industries est placée en liquidation judiciaire à la suite d’un défaut de paiement de son principal client. C’est la fin d’un chapitre. Aujourd’hui, un programme de réindustrialisation baptisé Oxygène doit lui redonner vie. Oxygène comme « O2« , symbole de la molécule chimique, en référence aux chiffre inversés du « 20 » de S20, le dernier occupant du site. D’ici fin 2024, le pôle d’activités hébergera des entreprises industrielles et logistiques, mais aussi artisanales.

30 M€ d’investissements

Le promoteur et investisseur LSH, basé à Saint-Herblain, a fait l’acquisition du site fin 2022. Il a confié à Oryon, l’agence de développement économique de La Roche-sur-Yon agglomération, le pilotage du projet en tant qu’assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO). 30 M€ vont être investis pour la réindustrialisation du site divisé en plusieurs lots.

L’urgence, c’est sa mise en sécurité. L’ensemble de la zone va être dépollué, désamianté et aménagé, avec une nouvelle voie de circulation pour desservir chaque cellule.  Après une phase de diagnostics en 2022 et 300 sondages effectués pour localiser la pollution, les travaux viennent de commencer.

Dans un premier temps, les ouvriers de l’entreprise vendéenne Papyrus Environnement s’attèlent à évacuer, vers les filières de recyclage, les 650 tonnes de déchets laissés sur place : des encombrants, du plastique, des cartons, des transformateurs électriques, du matériel électronique, de la ferraille…  À partir du printemps, l’heure sera au désamiantage, à la déconstruction et à la dépollution des sols infiltrés en hydrocarbures. Ces frais (montant non communiqué) sont à la charge de LSH. L’entreprise Serea, située en Loire-Atlantique, a la charge de cette mission de « landfarming ». « La terre sera collectée et déposée sur des bâches, explique Kévin Lepage, chargé de projet au sein de la société. Une fois déshydratée, des bactéries y seront ajoutées pour la dépolluer. Cette terre saine pourra ensuite être utilisée pour l’aménagement paysager du parc d’activités. Cette opération va prendre un an. »

Début 2024 s’engageront alors les travaux d’aménagement global du site, de réseaux et de voieries. Les premières entreprises seront accueillies fin 2024.

Du foncier et de l’immobilier

Sur les 60 000 m² de bâtiments que compte le site, 50 000 m² seront réhabilités et proposés à la location ou la vente d’ici fin 2024. Les autres seront démolis. Une dizaine de lots bâtis, allant de 600 m² à 36 000 m², seront réhabilités, avant ou après cession. « Ce vaste et dernier espace est l’ancienne unité d’assemblage. Il ne correspond plus forcément aux usages industriels d’aujourd’hui, commente Sébastien Bonnet, directeur général d’Oryon. En fonction des besoins des futurs acquéreurs, cette plateforme pourrait être divisée en six à sept cellules distinctes. » À ces bâtis réhabilités, s’ajoutent une dizaine de terrains nus à bâtir, d’une superficie allant de 2 900 m² à 9 900 m² pour accueillir des projets neufs. Oryon assistera LSH dans la commercialisation du site.

Le vingtième et dernier lot, non constructible en raison de son niveau de pollution aux hydrocarbures, sera réhabilité en espaces verts. Il pourrait accueillir un parc photovoltaïque. « Ce n’est qu’une piste de réflexion, insiste Maël Robin, chargé du projet Oxygène chez LSH. La condition, c’est que ces panneaux ne perturbent pas les activités de l’aéroport à proximité. »

Le programme Oxygène s’inscrit dans une démarche vertueuse et de réemploi. Un maximum d’arbres seront conservés. « Tout ce qui peut être réutilisé le sera, souligne Ludovic Ouvrard, responsable projet chez Oryon. Par exemple, les enrobés de l’ancienne route seront broyés pour être réutilisés pour la nouvelle voie. Cette route a d’ailleurs vocation à revenir à la collectivité car il y a une réserve d’eau à incendie de 3 000 m3 qui sert à toute la zone. Elle va être vidée et remise en état. Les sédiments restants seront eux aussi décarburés. »

Avec ce programme Oxygène, le territoire, peu doté en friches industrielles, répond aux besoins des entrepreneurs sans empiéter davantage sur les terres agricoles. À l’autre bout de la ville, une autre friche de 20 hectares est actuellement en reconversion : celle de l’ancienne usine Michelin. Tourné vers les énergies nouvelles et les mobilités innovantes[2], le projet Atinea ne doit pas entrer en concurrence avec celui des Ajoncs. « Nous veillons à ce que ces deux projets de réindustrialisation soient complémentaires, assure Sébastien Bonnet, même si la vocation n’est pas fléchée. » Quant à Luc Bouard, maire de La Roche-sur-Yon et président de l’agglomération, il espère que ce projet de réindustrialisation porté par LSH va « créer du dynamisme et plusieurs centaines d’emplois. »

Le bâtiment tertiaire vendu pour 1 € à LSH

En 2016, pour soutenir S20 Industries, l’agglomération yonnaise avait fait l’acquisition, pour près de 800 000 €, d’une parcelle de 5 000 m² où se trouvait un bâtiment tertiaire de 2 400 m². « Nous voulions apporter notre aide pour sauver la centaine d’emplois », indique Luc Bouard. En vain. Fin 2022, la collectivité a cédé cette parcelle pour 1 € symbolique à la société LSH. Les coûts de déconstruction et de désamiantage étaient estimés à 1,5 M€, un prix supérieur au prix d’achat. « Nous avons préféré le vendre à ce prix plutôt que de supporter ces charges », précise l’élu.

[1] Lave-vaisselle, lave-linge, sèche-linge, micro-ondes…

[2] On y trouve la station multi-énergies (BioGNV, hydrogène vert et bornes électriques), ainsi que l’entreprise E-Néo dédiée au rétrofit des poids lourds.

 

 

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