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Territoire d’industrie : un pacte pour dynamiser le cœur de la Vendée

Lancé par le Premier ministre Édouard Philippe en 2018, le programme national Territoires d’industrie est présenté comme une stratégie de reconquête industrielle par les territoires. Le 25 octobre dernier, une convention d’objectifs a été signée pour le territoire Vendée-Centre qui comprend les agglomérations de La Roche-sur-Yon, Vie & Boulogne et du Pays des Achards.

De g. à d. : Au premier rang, Frédéric Volle (directeur territorial Vendée Banque des Territoires), Guy Plissonneau (président de la communauté de communes Vie et Boulogne), Christelle Morançais (présidente de la Région Pays-de-la-Loire), Anne Tagand (secrétaire générale Préfecture de la Vendée), Luc Bouard (président de La Roche-sur-Yon Agglomération) Patrice Pageaud (président de la Communauté de communes du Pays des Achards). Au 2e rang, Olivier Chapeau (président de France Poutres), Patrice Rautureau (directeur général de Petitgas), Christophe Cougnaud (directeur général de Cougnaud), Françoise Raynaud (vice-présidente de La Roche-sur-Yon Agglomération). ©IJ

De g. à d. : Au premier rang, Frédéric Volle (directeur territorial Vendée Banque des Territoires), Guy Plissonneau (président de la communauté de communes Vie et Boulogne), Christelle Morançais (présidente de la Région Pays-de-la-Loire), Anne Tagand (secrétaire générale Préfecture de la Vendée), Luc Bouard (président de La Roche-sur-Yon Agglomération) Patrice Pageaud (président de la Communauté de communes du Pays des Achards). Au 2e rang, Olivier Chapeau (président de France Poutres), Patrice Rautureau (directeur général de Petitgas), Christophe Cougnaud (directeur général de Cougnaud), Françoise Raynaud (vice-présidente de La Roche-sur-Yon Agglomération). ©IJ

« Il est important d’associer les mots « territoire » et « industrie ». La collaboration entre élus et entreprises permet d’élargir le champ d’action, d’avoir une démarche collective », résume Olivier Chapeau. Le président de l’entreprise France Poutres[1] est signataire de la convention Territoires d’industrie (lire l’encadré) pour Vendée-Centre. Une signature aux côtés des agglomérations de La Roche-sur-Yon, Vie & Boulogne et du Pays des Achards, ainsi que de l’État, la Région Pays de la Loire, BPI France et la Banque des territoires. Une démarche qui vise à accélérer le développement des entreprises d’un secteur géographique comptant plusieurs poids lourds de l’industrie française. Parmi eux figurent la charcuterie Petitgas et le groupe Cougnaud, dirigés respectivement par Patrice Rautureau et Christophe Cougnaud, eux aussi signataires[2]. Depuis plusieurs mois déjà, ces chefs d’entreprise travaillent main dans la main avec des élus locaux : Françoise Raynaud et Yannick David de La Roche-sur-Yon Agglomération et Mireille Hermouet, de la communauté de communes Vie & Boulogne.

Quatre axes structurants

Pour le territoire Vendée-Centre, trois enjeux majeurs ont été spécifiquement définis. Il s’agit de créer les conditions favorables au développement de l’attractivité et au recrutement, ainsi qu’au développement des entreprises industrielles et enfin de créer les conditions environnementales favorables à une démarche « éco-productive » innovante en valorisant les friches disponibles et les nouveaux projets industriels économes.
Pour répondre à ces enjeux, un plan d’actions a été établi selon un calendrier prévisionnel s’étalant jusqu’en 2026. Ce plan s’articule autour de quatre axes structurants : l’attractivité, le recrutement, l’innovation et la simplification.
Pour attirer et recruter, les acteurs industriels des agglomérations de La Roche-sur-Yon, Vie & Boulogne et du Pays des Achards peuvent bénéficier via le dispositif Territoires d’industrie d’un accompagnement pour former leurs collaborateurs ou encore sensibiliser les services RH sur la marque employeur. Afin de faciliter le recrutement des jeunes talents, l’idée est de passer notamment par des partenariats avec les grandes écoles et le volontariat territorial en entreprise[3]. Le programme prévoit également de promouvoir les métiers de l’industrie dans les établissements scolaires, du collège à l’université.

Développer la mobilité et l’habitat

Quid des accès au territoire ? Le centre de la Vendée est plutôt bien desservi, par la route, via ses 2×2 voies et ses autoroutes (A83 et A87), par le train grâce à ses trois gares ferroviaires (La Roche-sur-Yon, Les Achards, Bellevigny) avec encore des efforts à faire pour les relier aux zones d’activités économiques. Dans les airs, il est prévu de faire de l’aérodrome de l’agglomération yonnaise un équipement départemental de référence pour les vols d’affaires. Enfin, développer les nouvelles mobilités ou encore faciliter les trajets domicile-travail font plus que jamais partie des priorités pour répondre aux objectifs de réduction de gaz à effet de serre.

L’attractivité d’un territoire passe aussi inévitablement par la question du logement. Rien que sur la commune des Achards, entre 200 et 250 logements doivent sortir de terre d’ici trois ans. Des constructions qui doivent prendre en compte les contraintes de limitation d’utilisation du foncier[4]. « Il y a quelques années, on faisait la promotion du territoire en vendant des mètres carrés. Ce n’est plus le cas, précise Mireille Hermouet. Aujourd’hui, on travaille sur la mise en place d’une charte avec des règles de bonne conduite pour faire cohabiter développement économique et sobriété foncière. »

Valorisation des friches industrielles et enjeux environnementaux

La sobriété foncière concerne aussi bien évidemment directement les entreprises, souhaitant s’agrandir ou venir s’installer sur le territoire Vendée-Centre avec, en ligne de mire, la création de zones d’activités économiques plus vertes à l’image du Jardin d’Affaires, premier parc d’activités agroécologique en France, sorti de terre en 2019 à Dompierre-sur-Yon. Un projet imaginé par La Roche-sur-Yon Agglomération et la société d’économie mixte Oryon, qui a séduit une dizaine d’entreprises engagées dans une démarche respectueuse de l’environnement.
Autre ambition, celle de traiter les friches industrielles, en incluant les problématiques de dépollution, ou encore en remettant sur le marché des bâtiments vides ou peu utilisés. Parmi les exemples intéressants de valorisation de friches industrielles figure celui d’Atinea, pépinière dédiée aux énergies renouvelables et à la mobilité innovante qui va remplacer l’ancien site Michelin de La Roche-sur-Yon, fermé depuis fin 2020.

Vers plus de sobriété énergétique

À la contrainte de sobriété foncière s’ajoute pour les industriels, la nécessité de s’inscrire dans une démarche de sobriété énergétique. Patrice Rautureau, directeur général de Petitgas a ainsi été accompagné par Mireille Hermouet dans sa réflexion sur les outils à mettre en place au sein de la charcuterie pour améliorer sa performance énergétique, bénéficiant au passage de l’expertise de la structure Orace.[5] Petitgas va ainsi investir 7 M€ sur sept ans pour refaire l’ensemble de son installation frigorifique. « 80 % de nos dépenses électriques venaient du système de refroidissement. Les nouvelles installations qui fonctionneront à l’ammoniac, seront plus propres et nous permettront de faire 10 à 15 % d’économies d’énergie », précise Patrice Rautureau.

Patrice Rautureau, directeur général de l'entreprise Petitgas ©IJ

Patrice Rautureau, directeur général de l’entreprise Petitgas ©IJ

Simplifier les démarches

Enfin, face à la lourdeur administrative et les éventuelles difficultés réglementaires, les élus ont pour mission de guider les entreprises, et parfois d’accélérer ou simplifier les procédures. « L’actualité des entreprises est aujourd’hui complexe, entre les difficultés d’approvisionnement des matières premières, la nécessité de réétudier les process de production, les difficultés de recrutement ou encore la gestion du personnel, ajoute Mireille Hermouet. Nous sommes dans une transformation sociétale et en tant qu’élus, nous devons avoir un pas d’avance pour faciliter le cheminement du chef d’entreprise. Un cheminement réussi, ce sont des entreprises et des salariés qui s’ancrent dans un territoire. »

Le programme Territoires d’industrie
Que sont précisément les Territoires d’industrie ? Il s’agit de regroupements de collectivités territoriales situés en zone rurale, dans les espaces périurbains, ou bien dans des villes petites et moyennes. Ils présentent une forte identité et un savoir-faire industriel. Dans chacun des territoires, entreprises et collectivités sont chargées de travailler ensemble pour le développement de l’industrie.

L’an passé, le programme a été accéléré par le dispositif France relance, mis en place par le gouvernement pour relancer l’économie du pays suite à la crise liée à la pandémie de Covid-19. Fin 2021, Territoires d’industrie bénéficiait ainsi d’un budget global de plus de 2 Mds€ (engagés par l’État, les Régions et différents opérateurs) avec, à la clé, le soutien de 1 800 projets répartis sur 146 territoires et 542 intercommunalités.
En Pays-de-la-Loire, une quinzaine de territoires ont été ciblés. On en dénombre trois en Vendée : Terres de Montaigu, Vendée Est et enfin Vendée Centre. Ce dernier territoire qui comprend l’agglomération de la Roche-sur-Yon et deux communautés de communes périphériques, réunit sur une cinquantaine de km², 158 000 habitants, 15 000 entreprises et un tiers des emplois du département.

[1] La société France Poutres, spécialisée dans la fourniture de solutions constructives bois, emploie une trentaine de personnes à Venansault.

[2] Cougnaud, leader de la construction de bâtiments modulaires, emploie 1 500 personnes à Mouilleron-le-Captif.

[3] Le Volontariat territorial en entreprise (VTE) permet d’inciter les étudiants et jeunes diplômés de l’enseignement supérieur à se tourner vers les entreprises, en leur offrant des missions à responsabilités en lien direct avec les dirigeants.

[4] Avec le dispositif Zéro artificialisation nette prévu par le Plan Biodiversité, les collectivités travaillent avec le gouvernement pour repenser l’aménagement urbain et réduire l’artificialisation des sols.

[5] Orace est une association régionale qui accompagne les entreprises dans leur démarche de maîtrise de consommation d’énergie.