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L’économie ligérienne entre incertitudes et résilience

La Banque de France organisait le 5 octobre dernier son point conjoncturel de rentrée, à la CCI de Nantes St-Nazaire. L’occasion de faire le point sur la santé financière des entreprises ligériennes.

Banque de France investissements Pays de la Loire

La crise actuelle conduirait certains chefs d’entreprise à revoir leurs projets d’investissements, même si ces derniers restent globalement maintenus. © Banque de France

Ce sont d’abord les bilans comptables de l’année passée qui ont été passés au crible. Entre 2019 et 20211, les chiffres d’affaires ont connu une augmentation dans l’industrie et les services marchands, mais celui du bâtiment est resté stable (-0,1 % contre +5,6 % au national). La croissance du CA a été particulièrement notable pour les services marchands du territoire et la croissance du CA de l’industrie ligérienne est devant celle du reste de l’Hexagone (+2,2 % contre +1,3 %). Du côté des résultats, « les chiffres explosent », constate Jean-Marc Oltra, directeur départemental à la Banque de France pour la Mayenne, avec en région une industrie à +31,2 %, +44,3 % pour les services marchands et +16,7 % pour le bâtiment. Une conséquence pour le directeur départemental du retour de la croissance des chiffres d’affaires, « mais aussi de l’impact fort des aides de l’État pour certains bilans, du travail réalisé pendant le Covid par les chefs d’entreprise sur leurs processus internes et externes qui a permis de faire des économies, et peut-être de politiques de prix plus adaptées ».

Endettement en hausse mais trésoreries renforcées

L’endettement des entreprises, dans la région comme au national, a connu quant à lui une croissance à deux chiffres, liée au recours aux PGE. Mais les trésoreries sont sorties renforcées, avec dans la région +33,7 % pour l’industrie, +45,7 % pour les services marchands et +21,8 % pour le bâtiment.

Au chapitre investissements en revanche, les chiffres régionaux sont en-dessous des moyennes nationales. Si, entre 2019 et 2021, l’industrie ligérienne a connu des investissements soutenus, le bâtiment a été en léger recul (-4,3 %). Enfin, en matière de recrutement, les effectifs sont en baisse dans l’industrie et dans le bâtiment mais en hausse dans les services marchands.

Des prévisions de chiffres d’affaires optimistes

Lors des deux premiers trimestres de 2022, deux études ont été menées par la Banque de France auprès des chefs d’entreprise ligériens. En février, ceux de l’industrie et des services marchands prévoyaient une stabilité de leur chiffre d’affaires, là où le bâtiment attendait un équilibre entre diminution, augmentation et stabilité. Dans les trois secteurs, une rentabilité stable était envisagée, et des embauches en augmentation. Et un trimestre plus tard, lors de la seconde étude, les dirigeants donnaient d’autres prévisions. « Alors même que le conflit russo-ukrainien était en cours, les dirigeants de l’industrie et des services marchands ont revu encore à la hausse leurs prévisions de chiffre d’affaires et de résultat », confirme Jean-Marc Oltra. Seul le bâtiment, réputé comme secteur anticipateur de tendances, a quant à lui prudemment prévu une stabilité de son chiffre d’affaires, « mais eux avaient certainement déjà décelé les difficultés d’approvisionnement et les tensions sur l’énergie », explique Jean-Marc Oltra.

Au premier semestre, des entreprises qui résistent

Malgré un contexte difficile, les entreprises ligériennes « démontrent leur capacité de résistance et d’adaptation » au premier semestre 2022, selon la Banque de France. Tout au long de ce dernier, les dirigeants sont apparus confiants quant à la rentabilité de leur activité mais la prudence reste de mise pour le recrutement. En effet, les difficultés en la matière restent un sujet de préoccupation et freinent l’activité. « Trois quarts des entreprises du bâtiment ne parviennent pas à recruter comme elle le souhaiteraient, explique Flavienne Chadelaud, directrice départementale du Maine-et-Loire à la Banque de France. Du côté de l’industrie et des services marchands, cette tendance est à la croissance : il y a un an, une entreprise sur deux avait des difficultés, contre deux sur trois aujourd’hui. » Par ailleurs, plus d’une entreprise sur deux de l’industrie et du bâtiment rencontre des difficultés d’approvisionnement, avec une légère amélioration au cours de l’été.

Néanmoins, à partir du mois d’août, un rebond de l’activité ligérienne est observé, confirmé dans les premières tendances du mois de septembre, selon Flavienne Chadelaud, de même qu’un rebond des recrutements dans les trois secteurs. Des éléments qui, associés à « des carnets de commande extrêmement étoffés et une visibilité assez bonne », confortent les dirigeants à près de 90 % dans le maintien de leurs projets d’investissement. « Et nous savons que ces investissements sont la clé du rebond et de la résilience », conclut Hassiba Kaabeche, directrice régionale de la Banque de France Pays de la Loire.

  1. La Banque de France a comparé les chiffres de 2021 à ceux de 2019, 2020 étant avec la crise Covid trop atypique.

En Loire-Atlantique, de la stabilité mais des incertitudes

En complément, la CCI Nantes St-Nazaire a aussi fait part des résultats de son enquête de conjoncture de juillet pour la Loire-Atlantique. Après la forte reprise de l’activité observée en 2021, une stabilisation est constatée pour le premier semestre 2022. « Les chiffres d’affaires restent stables, avec six entreprises sur dix qui voient soit une stabilité soit une hausse », commente Alexandra Boulay, responsable études, département stratégie territoriale, à la CCI. Avec des variations selon les secteurs : commerces et services sont en baisse alors qu’industrie, commerce de gros et surtout CHR sont en hausse.

Pour le troisième trimestre, les prévisions des dirigeants sont plutôt à la retenue : 38 % des entreprises prévoient une stabilité de leur CA et 28 % une hausse, à l’image des services aux entreprises, de l’industrie et du BTP. CHR et commerces sont en revanche plus partagés.

Globalement, les carnets de commande se maintiennent dans le département, voire sont en hausse, à l’exception du commerce de gros. Côté effectifs, 88 % des entreprises stabilisent ou envisagent de recruter en CDI, mais 12 % envisagent de réduire leur personnel (+3 % par rapport à janvier 2022). Et alors que 60 % des entreprises ont déclaré en juillet disposer d’une situation de trésorerie satisfaisante, une enquête « flash » menée par la CCI révèle qu’elles ne sont plus que 54 % en septembre. « D’où un niveau de confiance des chefs d’entreprise qui recule en Loire-Atlantique », analyse Alexandra Boulay, passant de 6,9/10 en juillet 2021 à 6,5 aujourd’hui. Enfin, interrogées sur les problématiques auxquelles ils sont confrontés aujourd’hui, les dirigeants mentionnent en premier lieu la hausse du prix des matières premières et de l’énergie et carburants, devant les difficultés d’approvisionnement puis de recrutement.

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