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L’artisanat toujours miné par la pénurie de main d’œuvre

La Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) des Pays de la Loire organisait en cette rentrée un point de conjoncture. Le secteur doit notamment faire face à une pénurie de main-d’œuvre toujours prégnante, dans un contexte géopolitique tendu.

Joël Fourny, Chambre de métiers et de l’artisanat des Pays de la Loire, CMA

Joël Fourny, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat des Pays de la Loire, l’est aussi de CMA France © DR

Du positif, mais la prudence est de mise. Dans son point de situation du 5 septembre dernier, la Chambre de métiers et de l’artisanat des Pays de la Loire a commencé par souligner un indicateur satisfaisant : celui du nombre d’immatriculations au répertoire des métiers. « Nous sommes à 86 00 entreprises artisanales en Pays-de-la-Loire, soit une progression de 10 % en un an», s’est réjoui Joël Fourny, le président de la Chambre. Dans la région, ce sont ainsi 11 000 entreprises qui ont été créées en 2021, dont les deux tiers sont des micro-entreprises. Toutefois, la CMA observe une stabilisation en matière d’activité. « Si les entreprises artisanales étaient début 2022 dans un souhait de développement de leur activité avec des capacités d’investissement, aujourd’hui nous entrons sommes plutôt dans une période où, notamment en raison du coût de l’énergie et des matières premières, nous aurons une stabilité sur le chiffre d’affaires et l’activité », détaille Joël Fourny. En matière de trésorerie, la situation est fragile avec plus d’un tiers des artisans qui déclarent une situation dégradée. À noter que la situation diffère d’un département à un autre : en Loire-Atlantique, les entreprises se maintiennent à l’équilibre mais « restent prudentes et souhaitent sécuriser leur activité ». En revanche, en Vendée, « les indicateurs et les prévisions en termes d’investissement et de trésorerie se tassent légèrement ».

DES ENTREPRISES TOUJOURS EN MANQUE DE PERSONNEL

C’est la première inquiétude des artisans, selon Joël Fourny. Comme d’autres secteurs, l’artisanat reste durement impacté par la problématique du recrutement. Une hausse de 32 % de demandes de recrutement d’apprentis a ainsi été enregistrée par l’Urma (Université régionale des métiers et de l’artisanat) par rapport à l’an passé et 2 100 entreprises souhaitent recruter un jeune, contre 1 600 en 2021. « Des entreprises qui n’étaient pas forcément sur la formation initiale commencent aujourd’hui à y porter un intérêt », analyse Joël Fourny. En matière d’apprentissage, la CMA comptabilise près de 7 000 jeunes déjà inscrits dans ses cinq centres de formation, un chiffre stable par rapport à l’an passé. Parmi les métiers les plus attractifs identifiés par l’Urma, notamment en Loire-Atlantique et en Vendée : la mécanique automobile et la boulangerie-pâtisserie. A contrario, des métiers restent en tension, à l’image, en Loire-Atlantique, de la restauration (service et cuisine), de la comptabilité-gestion et de la poissonnerie, et en Vendée de la gestion, de la vente et du commerce.

UNE CRISE ÉNERGÉTIQUE QUI INQUIÈTE

La pénurie de candidats n’est pas la seule ombre au tableau. La crise géopolitique actuelle a aussi commencé à avoir des répercussions sur les entreprises artisanales. La hausse du coût de l’énergie pourrait-elle les empêcher de recruter ? Le président de la Chambre répond par la négative : « Les entreprises se rendent compte qu’il est important, au regard du besoin de main-d’œuvre nécessaire dans les années qui viennent, de continuer à former, même dans cette période compliquée ».

Au-delà de la question du personnel, les entreprises n’attendent pas pour s’adapter : « Il n’est pas rare de voir des professionnels investir dans du matériel moins énergivore pour faire des économies d’échelle dès maintenant », explique Joël Fourny. Parmi les artisans qui seront le plus impactés, « ce sont notamment le secteur alimentaire, de la production, mais aussi celui du bâtiment et d’autres qui se déplacent beaucoup et qui voient une forte augmentation du prix du carburant », explique Joël Fourny.

LA TRANSMISSION, L’AUTRE ENJEU DE L’ARTISANAT

Même s’il n’est pas nouveau, un autre défi attend l’artisanat : celui des reprises. « Au niveau régional, on dénombre près de 22 800 entreprises dont le dirigeant a plus de 55 ans, soit autant d’entreprises à céder dans les dix années qui viennent», prévoit Joël Fourny. Actuellement, plus de 400 entreprises artisanales sont à la recherche d’un repreneur. Avec un enjeu pour la CMA : maintenir l’emploi dans la mesure où 69 % de ces entreprises ont des salariés. C’est principalement le secteur du bâtiment qui voit les offres de cession augmenter, tandis qu’elles restent faibles dans les métiers de l’alimentation et de la production. Le service à la personne connaît lui un marché calme et une faible demande de repreneurs malgré de nombreux salons de coiffure et d’esthétique disponibles. Pourtant, la CMA constate que les reprises sont globalement pérennes : 91 % contre 76 % pour les créations. D’où l’effort porté par la Chambre pour travailler avec de potentiels repreneurs, y compris auprès de « repreneurs qui viendraient d’autres secteurs d’activité et qui porteraient un intérêt sur les entreprises artisanales », selon Joël Fourny.

L’ARTISANAT LIGÉRIEN en chiffres

  • 86 700 entreprises artisanales
  • 680 reprises d’entreprises artisanales en 2021
  • 11 115 créations d’entreprises artisanales en 2021

(Source : Chiffres clés 2022 de l’Observatoire des métiers et de l’artisanat 2022)

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