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Présidentielle : Le Medef veut peser dans le débat

À moins de trois mois de la présidentielle, le Medef compte bien faire entendre la voix des entreprises auprès des candidats. Le 3 février dernier, à Angers, l’organisation patronale en Pays de la Loire organisait un temps de réflexion et d’échanges pour « faire réussir la France ».

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Après une crise sans précédent, les perspectives semblent s’éclaircir pour les entreprises en 2022, avec un taux de croissance annoncé autour de 4 %. Le Covid, qui a « accéléré les transitions numériques et environnementales », d’après Samuel Tual, président du Medef Pays de la Loire, a aussi débouché sur le fait que « le rôle de l’entreprise a été reconnu dans la société, aux côtés de nos salariés, ainsi que notre contribution aux territoires ». La pandémie laisse maintenant la place à un certain nombre de défis pour les entreprises : mondialisation sur fond de tensions géopolitiques, approvisionnement en matières premières, difficultés de recrutement, compétitivité, transitions… Alors que l’échéance électorale présidentielle se rapproche, le syndicat a fait connaître ses propositions pour « faire réussir la France » et ses entreprises. Objectif : « que les équipes de campagne se saisissent de nos propositions et que le débat public se structure autour d’elles », explique Fabrice Le Saché, vice-président et porte-parole du Medef.

DES INFRASTRUCTURES ET DES LOGEMENTS POUR LE TERRITOIRE

Thème de la première table ronde : « la revitalisation du territoire ». Si le caractère attractif de la région Pays de la Loire n’est plus à démontrer, ce point fort pourrait toutefois se transformer en menace aux yeux des citoyens si son excès finit par menacer la qualité de vie, du fait, par exemple, de la densification des villes.

Autre point de vigilance relevé par Jacques Bodreau, président du Ceser Pays de la Loire : la question des infrastructures : routes, lignes de chemins de fer, aménagements portuaires.

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De g. à d. : Fabrice Le Saché, vice-président et porte-parole du Medef, Samuel Tual, président du Medef Pays de la Loire, Clément Lesort, journaliste © Medef

« Aujourd’hui, nous sommes dans une région où consacrer de l’énergie à faire des infrastructures est devenu une difficulté majeure, pour les décideurs, pour les élus, pour les chefs d’entreprise ». Or, avec l’arrivée croissante de nouveaux arrivants sur le territoire chaque année, cette question sera centrale, de même que celle du logement. « La demande a explosé dans la région, et le manque de logements est un frein pour les entreprises qui n’ont pas la capacité de loger leurs salariés à proximité, relève Bertrand Schaupp, président du Medef Anjou. Il faut construire plus et il faut construire mieux ».

Autre enjeu clé pour la vitalité des territoires : la commande publique. Pour Sophie Georger-Menereau, présidente du Medef Vendée, « quand on répond à des appels d’offre publique, les critères de proximité et de territoire ne sont pas suffisamment pris en compte ». Elle souligne aussi la nécessité, pour garder les centres de décision dans les territoires, de donner aux dirigeants des PME et ETI les moyens de grandir, de rester indépendants et de transmettre à leurs enfants ou à une équipe dirigeante.

LEVER LES FREINS À LA CROISSANCE

La compétitivité des entreprises était naturellement au cœur des discussions. C’est d’abord autour des impôts de production qu’ont eu lieu les échanges de la deuxième table ronde intitulée « la croissance pour demain ». « Aujourd’hui, une heure productive française coûte cinq fois la valeur d’une heure productive allemande », relève Bruno Bouygues, président de Gys, groupe industriel implanté en Mayenne, qui propose de supprimer la Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et de la Cotisation foncière des entreprises (CFE). Une solution qui aiderait à rendre selon lui les entreprises françaises plus compétitives. Pour réindustrialiser, Bruno Bouygues en appelle également à « sanctuariser le Crédit impôt recherche (CIR), qui nous permet d’avoir des ingénieurs et docteurs à des salaires équivalents au salaire espagnol ». Patrick Cheppe, président du Medef Loire-Atlantique, abonde.

« Si on arrête le CIR, la moitié des entreprises disparaîtront très rapidement car elles n’auront plus la capacité de faire du développement en France ». Renforcer la croissance des entreprises passera aussi par la formation : Bruno Lucas, qui représentait la Fédération française du bâtiment en Pays de la Loire, souhaite « rendre la formation professionnelle au cœur de l’entreprise beaucoup plus opérationnelle ». En la matière, le Medef propose de porter le nombre d’alternants à deux millions contre 700 000 aujourd’hui. « L’alternance est le chemin royal pour à la fois améliorer l’attractivité et garder les talents », affirme Bruno Lucas.

D’une manière générale, les dirigeants manifestent le besoin, non de subventions en plus, mais de normes en moins. L’impression d’être contraints par le politique reste une constante. Pour autant, ils estiment que ce dernier doit malgré tout garder un rôle stratégique pour pouvoir répondre aux problématiques des entreprises, en lien par exemple avec la transition environnementale. Ghislain Robert, responsable du développement chez Lhyfe, producteur ligérien d’hydrogène renouvelable, explique : « l’Allemagne a décidé d’accompagner l’usage sur l’hydrogène, là où la France a décidé d’investir dans la production ». Résultat : Lhyfe est prêt à produire, mais en face, les usages ne sont pas au rendez-vous.

TOURNER L’EMPLOI VERS L’ÉCONOMIE

Avec la crise Covid, le travail a connu des mutations profondes et les attentes des individus ont évolué. Lors de la troisième table ronde consacrée à « la valeur travail », Samuel Tual fait le parallèle avec la mise en place des 35h, moment de rupture qui laissait une plus large part aux loisirs et à la vie de famille. Après le Covid, le nouveau rapport au travail se manifeste notamment par la remise en cause de projets professionnels et des lieux de travail. « Il faut réaffirmer que le travail, ce n’est pas que de la pénibilité », pondère le président du Medef Pays de la Loire.

Au-delà de ces nouvelles attentes, d’autres problématiques, plus structurelles, persistent. En matière d’emploi et d’orientation professionnelle, Karel Henry, présidente du Medef Sarthe, regrette que l’approche parte de l’individu et non de l’entreprise. « La priorité est de se demander quels sont les besoins des entreprises à court terme et quelle est la stratégie à adopter sur le moyen-long terme, afin de faire une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences », souligne-t-elle. Si Pôle emploi est centré sur la gestion de l’indemnisation, il a parfois des difficultés à positionner efficacement des candidats sur des offres adaptées. Karel Henry se prononce en faveur d’une solution de complémentarité entre Pôle emploi et des entreprises privées spécialistes en évaluation des compétences, qui connaissent bien les besoins des entreprises. « Surtout, il faut que le choix des formations ou des filières se fasse avec nous », insiste Samuel Tual, pointant les besoins spécifiques de chaque bassin d’emploi. À la clé : un meilleur alignement entre offre et demande.

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