Vous nous accueillez dans ce nouveau bâtiment que vous qualifiez vous-mêmes de totem pour la French tech. C’est une étape importante pour vous ?
Adrien Poggetti : C’est l’aboutissement d’un travail qui dure quasiment depuis les débuts de l’association… À l’époque, quand on avait ouvert la première Cantine, celle qui a brûlé il y a cinq ans, on avait sollicité les collectivités locales pour avoir un financement. Elles avaient accepté de nous soutenir à la condition que, lorsque ce bâtiment serait prêt, on vienne s’y installer, afin d’être parmi les acteurs qui contribueraient à la dynamique du Quartier de la création. On était loin d’imaginer qu’on y serait dix ans plus tard…
Quels sont la place et le rôle dévolus à La Cantine dans cette Halle 6 ?
AP : En opération directe pour La Cantine, on va disposer de 1 800 m2, plus les parties communes, ce qui nous fait un total de 2 500 m2 à gérer, contre un peu plus de 1 000 m2 dans nos anciens locaux. Ce qui est important, c’est que ces 2 500 m2 vont servir de point de jonction entre tous les acteurs. C’est un bel outil pour continuer ce que l’on sait faire et une forme de concrétisation de la vision que l’on porte depuis dix ans.
Magali Olivier : On a aussi la mission d’animer tous les locataires de la Halle 6 en plus de nos coworkers et de l’équipe de La Cantine. Et comme on se rapproche physiquement aussi d’acteurs comme l’Université de Nantes, l’École de design, ça va nous permettre de mieux travailler avec eux.
AP : Et même, plus largement, avec l’ensemble des acteurs du quartier. Il y a une vraie attente là-dessus ! Le fait d’avoir autour de nous le Mediacampus, l’École des Beaux-Arts, Stereolux, les Makers, les industries créatives et culturelles… on est dans un environnement extraordinaire ! Et l’idée, c’est que la Halle 6 soit le lieu où tout cela se croise ; ça va être hyper intéressant à travailler au quotidien. Et puis, on ferme aussi une boucle avec cette inauguration du 9 décembre. Plusieurs start-up sont nées dans cette Halle 6, comme Intuiti, Do you buzz, qui ont été quelque part à l’origine de la naissance de l’association il y a treize ans.
Avez-vous le sentiment que La Cantine soit arrivée à maturité ?
AP : En tout cas, on a fait un bon bout de chemin ! On a vu les débuts de l’écosystème des start-up. On a accompagné une première génération d’entrepreneurs, puis une deuxième et aujourd’hui une troisième. On a beaucoup appris nous aussi, fait des erreurs… L’échec fait partie de l’aventure et on le valorise, l’important étant de ne pas faire deux fois les mêmes bêtises.
Vous évoquez trois générations d’entrepreneurs. Comment les caractériseriez- vous ?
AP : La première étaient des défricheurs. Ces entrepreneurs, tels Mickael Froger Julien Hervouet (CEO de Lengow et iAdvize, NDLR), ont pris des claques pour ceux qui sont arrivés après, ils ont ouvert des lignes aussi. Il y a eu des réussites, d’autres se sont plantés… À La deuxième génération, ils étaient un peu plus nombreux et bénéficiaient de l’expérience de la première. C’est Gens de confiance, AlloVoisins, 10-Vins… Ils ont contribué à structurer l’écosystème, nantais et national, accompagné le mouvement de fond qu’est la French tech. Quant à la nouvelle génération, on a des entrepreneurs qui essaient d’amener du sens dans les projets, de mettre la Tech au service de quelque chose. C’est vraiment un souhait que l’on a de travailler sur l’impact sociétal, mais aussi environnemental, de la Tech. Même si, bien sûr, il y a encore des gens qui créent des boîtes « juste pour lever des millions »…
MO : On veut remettre la Tech à sa place, c’est-à-dire au service du viv…