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Étienne Boudelier, dirigeant de Griffon Marine : « Embarquer son équipe dans le projet d’entreprise »

Jadis Griffon Meuble, la société Griffon Marine s'est spécialisée dans la conception et la fabrication d'aménagements intérieurs pour les bateaux. Reprise il y a huit ans par le groupe normand Grand Large Yachting, constructeur de voiliers de grande croisière, la PME vendéenne de soixante salariés est dirigée par Étienne Boudelier. Sous la direction de cet ancien de Beneteau, Griffon Marine a redressé la barre et trouvé sa vitesse de croisière. Une réussite qui n'aurait pas été possible sans un projet d'entreprise partagé qui a permis la mise en place de la semaine de quatre jours il y a un an et demi.

Étienne Boudelier, dirigeant de Griffon Marine. Photo Benjamin Lachenal

En septembre dernier, Griffon Marine a inauguré un deuxième site à Saint-Laurent-sur-Sèvre pour accompagner sa croissance. Difficile d’imaginer qu’il y a huit ans, la société était au bord de la faillite. Quel souvenir gardez-vous de votre arrivée à la tête de Griffon Marine ?

Mon histoire avec l’entreprise a véritablement démarré le 13 novembre 2016, jour de sa reprise à la barre du tribunal par Grand Large Yachting. Le groupe, fondé par Xavier Desmarest et Stéphan Constance, m’avait recruté six mois plus tôt en CDD en tant que chargé de projet en vue du rachat de l’entreprise Griffon Technologies, la branche nautisme de la société Griffon Meuble.

Ce matin-là, j’étais présent dans les locaux du site historique à Chambretaud, aux côtés des sept salariés de l’entreprise. Nous étions tous assis au milieu de l’atelier, et attendions fébrilement un coup de téléphone. J’avais acheté une bouteille de champagne et de quoi manger, en prévision d’une bonne nouvelle. Quand la direction du groupe m’a finalement appelé, cela a été un soulagement pour tout le monde. Les salariés conservaient leur emploi, et moi je prenais de facto la direction de l’entreprise rebaptisée Griffon Marine. Ensemble, nous allions nous retrousser les manches pour tourner la page et écrire un nouveau chapitre.


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Quel a été votre parcours avant de prendre les rênes de l’entreprise ?

Après un bac électronique, j’ai obtenu un BTS en gestion de production industrielle, puis une licence avec une spécialisation dans les métiers du bois. Je suis issu d’une lignée d’artisans menuisiers. Mon arrière-grand-père avait fondé sa menuiserie qui a été reprise par mon grand-père puis par mon père. J’ai démarré ma carrière professionnelle en effectuant mon stage de fin d’études chez Beneteau au Poiré-sur-Vie, avant d’être embauché en tant que magasinier lors de l’ouverture en 2005 de son usine de Cholet. J’ai progressivement gravi les échelons en prenant en charge notamment la partie fabrication de pièces en bois. En pleine crise du nautisme en 2009, j’ai choisi de rejoindre la direction des systèmes d’information à Dompierre-sur-Yon.

Deux ans plus tard, mon besoin de retrouver le terrain m’a conduit à intégrer l’usine Jeanneau des Herbiers où j’ai participé au déploiement de la démarche de Lean Manufacturing et à l’ouverture d’un nouvel atelier. Après une douzaine d’années, j’ai souhaité quitter le navire avec l’envie d’un nouveau challenge. J’ai travaillé durant quelques mois dans une entreprise de métallerie, avant d’être contacté par un ancien collègue de Beneteau qui venait de prendre la direction d’Alumarine, filiale de Grand Large Yachting. Il m’a alors expliqué que le groupe souhaitait poursuivre son développement avec la reprise de l’un de ses sous-traitants, Griffon Technologies. Il avait pour objectif d’internaliser la fabrication des aménagements intérieurs de ses bateaux, comme le faisaient déjà à l’époque Beneteau ou encore le groupe charentais Fountaine-Pajot.

Par quoi avez-vous commencé après la validation de la reprise de l’entreprise ?

Il a fallu repartir de zéro. En difficulté, l’entreprise ne recevait plus de commandes. Désormais, elle avait l’assurance de faire monter son chiffre d’affaires grâce à l’activité du groupe repreneur qui développait un nouveau bateau, l’Allures 45.9. Mais, il fallait reconstruire l’outil industriel. L’atelier de 3 000 m² n’était plus aux normes et les conditions de travail étaient déplorables. J’ai fait venir la Carsat pour être accompagné financièrement dans les travaux de remise en état. Il fallait refaire la tuyauterie, l’électricité, créer un système d’aspiration ou encore acheter de nouvelles machines. En parallèle, j’ai créé le document unique de l’entreprise, mis en place un logiciel ERP, tout en déchar…