Couverture du journal du 28/05/2025 Le nouveau magazine

Vincent Roux : l’hédoniste

Au sein de l’écosystème entrepreneurial nantais, Vincent Roux est connu comme le loup blanc. S’étant longtemps illustré dans la tech, c’est aujourd’hui sur un tout autre créneau qu’il se positionne : celui de la santé avec sa nouvelle entreprise Goud Santé. Portrait d’un homme à la complexité bien plus marquée que les apparences ne le laissent paraître.

Vincent Roux, fondateur de Good Santé © Benjamin Lachenal

Dans le jargon journalistique, Vincent Roux est ce que l’on appelle “un bon client”. Doté d’une voix radiophonique ainsi que d’un sens aigu du storytelling et de la formule, il ponctue ses propos de multiples anecdotes savoureuses, sans chercher à contrôler à tout prix son image…

En ce jour d’hiver, il nous accueille tout sourire dans les locaux de sa nouvelle entreprise, Goud Santé, chez Whome, avec le look et le flegme d’un gentleman anglais. Ce passionné de spectacles comiques pourrait d’ailleurs faire sienne la maxime prêtée au précurseur des humoristes, Pierre Dac, s’appliquant à faire les choses sérieusement, sans pour autant se prendre au sérieux. Surtout pas même.

Comme souvent, l’enfance vient poser les fondations de l’homme d’aujourd’hui. Il explique ainsi : « Quand tu es tout petit et maigrichon, il faut être marrant. Donc j’ai fait le clown. Je voulais plaire aux filles et faire marrer les copains. »

Cadet d’une fratrie de deux enfants, Vincent ne naît pourtant pas dans une famille où la fantaisie est une qualité prisée. Son père, qu’il décrit comme un autodidacte élevé à la dure, est animé par « la rage de vaincre » et la volonté forcenée de sortir de sa condition initiale. Plaçant sa carrière au-dessus de tout, il nourrit aussi pour ses enfants de grandes espérances, voulant leur éviter le chemin pavé d’obstacles que lui-même a connu, même s’il est un parfait exemple de l’ascenseur social à la française, grimpant les échelons à la force du poignet jusqu’à parvenir aux plus hautes fonctions de direction dans des groupes. « Il était extrêmement exigeant », se souvient Vincent Roux, précisant sa pensée : « Pour moi, la vie est un jeu. Pour lui, rien ne l’est, tout est à enjeu. » Désireux d’armer au mieux sa progéniture dès le plus jeune âge, ce père attend beaucoup d’eux sur le plan scolaire : « Il fallait faire une grande école car pour lui c’était le meilleur moyen d’arriver plus vite. » Évoquant alors son parcours scolaire, Vincent le résume d’un trait espiègle : « Niveau ? Escroc. Avec moi, il a obtenu l’effet inverse et ça a forcément été difficile… »

Autre souvenir marquant : son père n’hésite pas à lui fixer des challenges. « J’avais 7 ou 8 ans et je rêvais d’avoir des lunettes Ferrari. Il m’a dit qu’il me les achèterait si je négociais le prix. Comme j’étais incapable de le faire, il ne me les a pas achetées. »

Les copains d’abord

C’est aussi son père qui va lui faire vivre sa première expérience entrepreneuriale, à 8 ans, en lui proposant de vendre devant la résidence des objets publicitaires. « J’y ai pris goût, reconnaît-il. J’étais déjà un “marketeux” et je ne me suis pas démonté, même si je n’ai pas vendu grand-chose », reconnaît-il en riant.

Faisant la part des choses, il estime avoir vécu une enfance assez heureuse. « Je n’ai jamais manqué de rien, mais avec des parents absents. Ma vie, mes fondements, mes racines, se sont beaucoup faits à l’extérieur. C’était les copains d’abord. » Pourtant, au gré des évolutions de carrière de son père, la famille déménage souvent. « C’était totalement subi, mais je me suis forgé là-dessus. Ça m’a donné beaucoup de détachement vis-à-vis des choses et des gens, mais aussi des dispositions sociales dinguo ! », glisse-t-il.

Après un parcours scolaire en dents de scie et un passage par la case pension très bien vécu, Vincent décroche finalement un bac en comptabilité-gestion et veut s’orienter vers la communication et le marketing. Son père douche ses espoirs en lui présentant cette voie comme bouchée ? Il entre finalement à l’IUT Gestion des entreprises et des administrations de Saint-Nazaire. Il le voit comme un « sésame pour atteindre Audencia en admission parallèle » et y parvient. Le moment de rentrer dans le rang ? Il choisit plutôt de suivre à Cardiff son amie, qui deviendra son épouse, demandant un report d’admission d’un an. « J’ai appris les règles du snooker » (variante du billard, NDLR), résume-t-il, rieur, assumant totalement son côté sale gosse. Et lorsqu’il reprendra le chemin de l’école de commerce, ce sera une nouvelle fois pour aller là où on ne l’attend pas.

Étudiant