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Transport routier. Décarboner, une stratégie rentable ?

À horizon cinq ans, le transport routier devra avoir définitivement tourné le dos au gasoil. La transition vers des énergies alternatives est donc devenue une priorité incontournable alors que les réglementations sont de plus en plus restrictives. Un virage que beaucoup d’entreprises ont déjà pris, par choix ou par contrainte. Mais reste à savoir si décarboner rime avec rentabilité.

La décarbonation du transport est un objectif clair du Groupe SF (Loire-Atlantique) dont 8 % de la flotte roule à l’électrique. GROUPE SF

Il y a tout juste un an, le Parlement européen et les États membres de l’UE se sont accordés pour réduire les émissions carbone des poids lourds afin de lutter contre le changement climatique. Avec, en ligne de mire, des objectifs clairs et ambitieux : réduire les émissions d’au moins 45 % en 2030 par rapport à 2019, puis 65 % en 2035 et 90 % en 2040. Le virage vers des pratiques plus durables est donc inévitable pour les transporteurs. D’autant plus que les restrictions de circulation se durcissent dans certains territoires, comme à Nantes qui a mis en vigueur une ZFE (zone à faible émission) depuis le 1er janvier dernier. Une mesure qui concerne les véhicules les plus polluants, notamment les poids-lourds mis en service avant 2001. Une nouvelle réglementation dont l’objet est d’inciter les transporteurs à carburer au vert.


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« Financièrement parlant, on s’y retrouve »

Chez les Transports Jouve (2,35 M€ de CA en 2023 – 26 salariés), localisés à Sainte-Luce-sur-Loire, on n’a pas attendu ce changement de cadre pour s’engager sur la voie de la décarbonation. Soucieux de son empreinte environnementale, le transporteur spécialisé dans la livraison urbaine a investi dans un premier véhicule alimenté au gaz dès 2018. Et si l’on en croit le patron, Mickaël Jouve, la stratégie s’est avérée payante alors que la ville de Nantes a mis en place, trois ans plus tard, des mesures plus strictes concernant la circulation et l’accès au centre-ville via une ZTL (zone à trafic limité). « Avec nos véhicules à énergie alternative, nous pouvons accéder au centre-ville de 4 h à 23 h alors que l’accès est restreint de 4 h à 11 h 30 pour les véhicules thermiques », indique le transporteur. De quoi faire la différence lors d’appels d’offres et grignoter ainsi des parts de marché. « Cela nous a permis de développer la notoriété de l’entreprise et de remporter quelques contrats. Par exemple, la boutique Nespresso située Passage Pommeraye a fait appel à nos services parce que nous avons pu faire une proposition avec des véhicules au biogaz. »

Mickaël Jouve est le dirigeant des transports éponymes localisés à Sainte-Luce-sur-Loire et spécialisés dans la livraison du dernier kilomètre. FLORENCE FALVY

Raison de plus pour continuer à miser sur cette énergie. Depuis, quatre autres camions de ce type ont rejoint la flotte. Soit un investissement total de près de 500 000 €. Malgré un surcoût à l’achat d’environ 30 % de plus comparé à un véhicule diesel qu’il n’a pas souhaité répercuter dans le prix de ses prestations, Mickaël Jouve assure que la rentabilité est au rendez-vous. « Opter pour des énergies alternatives a boosté notre développement. Si nous avons fait de la croissance, c’est grâce au gaz. Financièrement parlant, on s’y retrouve, car nous faisons du fret de courte distance, soit 40 000 kilomètres par an. Cela n’aurait pas été rentable si nous étions positionnés sur la longue distance. »

Les Transports Jouve (Sainte-Lu…

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