Si le cœur vous en dit… suivez ses battements jusqu’au musée Dobrée

Dès l’entrée, le ton est donné : l’émotion se fait matière, battement, vibration. Le musée Dobrée s’anime au rythme de « À cœurs ouverts », exposition magistrale qui plonge le visiteur dans les multiples vies de cet organe devenu symbole universel. Le parcours prend place au Manoir, le bâtiment consacré aux expositions temporaires, déployé sur deux étages. Dans une lumière feutrée et une scénographie rythmée, plus de 200 œuvres issues des collections et de prestigieux prêts se répondent. Du célèbre cardiotaphe d’Anne de Bretagne, source d’inspiration de l’exposition, mais non visible dans le parcours pour des raisons de sécurité (exposé dans le bâtiment des collections permanentes, accessibles avec le même billet), aux stéthoscopes du XIXᵉ siècle inventés par René Laennec, médecin nantais, des amulettes égyptiennes aux sérigraphies d’Andy Warhol, le visiteur passe du cœur anatomique au cœur iconique sans même sentir la frontière.

Expo A cœurs ouverts, Musée Dobrée ALBERTO RODRIGUEZ PEREZ – IJ

« Comment un simple muscle a-t-il pu devenir l’emblème de nos passions ? », semble interroger le fil conducteur de l’exposition. Les commissaires y répondent en mêlant art, science et culture populaire : ici un reliquaire médiéval, là une installation d’Annette Messager, plus loin un like numérique projeté en grand, miroir de nos émotions contemporaines. Le cœur se révèle tour à tour sacré, politique, amoureux ou social, reflet des croyances et des sociétés qui l’ont façonné.

Entre les vitrines, la scénographie ménage des respirations : sons, extraits littéraires et œuvres contemporaines dialoguent dans un silence presque religieux. Le poème de Verlaine, Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ?, résonne comme un refrain discret tout au long du parcours.

Expo A cœurs ouverts, Musée Dobrée ALBERTO RODRIGUEZ PEREZ – IJ

L’exposition s’achève sur une note sensible et universelle : l’œuvre de Christian Boltanski, Les Archives du cœur. Depuis 2008, l’artiste invite chacun à enregistrer les battements de son propre cœur (des séances d’enregistrement de pouls gratuites sont proposées le samedi) pour les déposer sur l’île de Teshima, au Japon, où reposent des milliers de pulsations humaines. On quitte « À cœurs ouverts » le cœur un peu serré, mais le regard élargi, comme après une rencontre intime avec soi-même et les autres.