Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

Se former pour un dialogue social renouvelé

L’entreprise ne se réduit pas à ce qu’elle produit : sa richesse tient dans la qualité des relations humaines qui y travaillent. S’induit alors la question de pouvoir, de vouloir et de savoir dialoguer. Une question qui se pose de manière accrue dans le contexte actuel.

DIALOGUE SOCIAL entreprise

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Le champ du dialogue social est beaucoup plus vaste qu’il n’y paraît. Selon la définition retenue par l’Organisation internationale du travail, « le dialogue social inclut tout type de négociation, de consultation ou, simplement, d’échange d’informations entre les représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs, selon des modalités diverses, sur des questions relatives à la politique économique et sociale présentant un intérêt commun ».

En France, sa déclinaison au niveau de l’entreprise est très formelle. Le dialogue social y est conçu et abordé comme le respect de règles destinées à administrer une négociation distributive, avec une confrontation employeurs/salariés, où « ce que l’un obtient, l’autre le perd ». Cette manière de faire, dans l’environnement actuel, reconnu complexe, volatile, incertain et ambigu, est dépassée. Le collectif, dont les jeunes générations sont le fer de lance, veut, de son coté, participer à la création de la règle et être associé au projet de l’entreprise, afin de le faire coïncider avec un projet personnel. Toutes ces évolutions imposent un changement, qui n’est actuellement pas ou peu entendu par les instances classiques où s’exerce le dialogue social.

DES TRANSFORMATIONS SILENCIEUSES

La « loi Travail » de 2016 a donné des axes pour moderniser le dialogue social en entreprise et a retenu le principe de formations communes. Celles-ci réunissent les représentants des employeurs et des salariés, au niveau de l’entreprise. Le législateur (article 33 de la loi du 8 août 2016 et le décret du 2 mai 2017) en ont confié la traduction opérationnelle à l’Institut national du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle (INTEFP), dépendant de la Direction générale du travail, qui a conçu un cahier des charges des formations communes et est aussi en charge du référencement de formateurs pour dispenser ces formations.

Comment ces formations communes peuvent-elles transformer le dialogue social ? D’une part, elles ont, à l’attention des participants, trois objectifs majeurs :

  • s’approprier les enjeux clés qui impactent la relation de travail et son cadre négocié ;
  • réfléchir collectivement sur les facteurs clés de cette relation au travers des temps d’information, de consultation et de négociation ;
  • expérimenter un nouveau regard sur l’autre et sur la relation qui favorise le développement du dialogue et de la négociation collective.

Pour ce faire, l’INTEFP a conçu un cahier des charges qui se caractérise par :

  • une co-animation et une complémentarité adaptée des formateurs avec une sensibilité employeurs et salariés ;
  • un ajustement permanent des postures des formateurs et des auditeurs, à l’identique de ce qui se joue dans les temps de dialogue social ;
  • une pédagogie plurielle, qui place l’expérimentation au centre du travail.

En s’appuyant sur l’ensemble de ces caractéristiques, ces formations communes permettent de s’approprier les principaux axes du dialogue social que sont l’information, la consultation et la négociation. La voie pour mettre en place, améliorer ou renouveler le dialogue social est ainsi balisée.

C’est ensuite tout l’art des formateurs que de savoir accrocher ces formations sur des sujets concrets, immédiatement transposables et applicables sur le terrain. Deux thèmes principaux peuvent être retenus :

  • « Dialogue social et CSE » : partage des enjeux économiques et sociaux par une information reconnue fiable et une consultation loyale ; pertinence d’une approche collaborative ; construire une relation de qualité avec le CSE ;
  • « Dialogue social et amélioration de la QVT » : dynamique de la négociation collective (préparer, conduire, faire vivre). La formation permet de passer de l’approche conceptuelle de la Qualité de vie au travail à une approche pragmatique de son amélioration.

Cela passe par une pédagogie qui s’attache à inciter et soutenir la participation de tous, privilégier l’apprentissage par l’action en permettant de vivre des situations interactives et enfin conforter les temps expérientiels par un éclairage théorique.

DIALOGUER EN PÉRIODE DE CRISE COVID-19 ?

Le dialogue social, c’est discuter avec la volonté commune d’aboutir à une solution acceptable. Quand cette discussion a lieu sur le terrain, au lieu même de l’exécution du travail, elle permet de rendre compatible ce qui a été prescrit avec ce qui doit et peut être réalisé, et de traiter l’imprévu lorsque le prévu n’est pas adapté. Ce dialogue social-là est indispensable en temps normal ; il l’est encore plus en cette période de Covid-19 et de confinements/ déconfinements.

Il permet une co-construction ou une adaptation des protocoles confinement/déconfinement et l’élaboration de la fiche de mission du référent/relais Covid-19 s’il est décidé d’en désigner un.

Il permet aussi d’adapter les modes de travail résultant des apprentissages de la gestion de la crise (télétravail notamment).

Le cœur de la formation est de rendre accessible et efficace une pratique simple du dialogue social au quotidien et sur le terrain.

Le fil rouge de ces formations communes ? « Des formations au dialogue social qui sont déjà l’expérience d’un dialogue social renouvelé ».