Sur le marché du padel, la partie semblait jouée d’avance. « Plus de 90 % des raquettes du marché sortent d’usines chinoises ou pakistanaises », rappelle Guillaume Giannuzzi, fondateur d’Hexagon Padel en juillet 2024. Mais l’ingénieur diplômé de Centrale Nantes et d’Audencia a décidé de monter au filet : son objectif, relocaliser la production et « prouver qu’on peut produire en France sans renoncer à la compétitivité ».
Ancien consultant en compétitivité industrielle, il a passé des années à aider les grandes marques à réduire leurs coûts, parfois en délocalisant. Aujourd’hui, « je veux au contraire rapatrier la production chez nous ». Plus précisément à Saint-Hilaire de Clisson, dans une micro-usine qu’il façonne lui-même. Son arme ? Une innovation technique brevetée qui découple le cadre et le tamis pour « diviser par deux le temps de fabrication des raquettes » et « permettre de changer de tamis comme on change le cordage d’une raquette de tennis ».
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Contrairement aux modèles chinois et pakistanais, le cadre de ses raquettes est moulé d’un seul tenant à partir de fibres de carbone recyclées issues de l’usine Airbus Atlantic, liées par une résine biosourcée. Résultat : un matériau forgé ultrarésistant. « Plus robuste, ce matériau absorbe mieux les chocs et prolonge la durée de vie du produit », confirme l’ingénieur. À la clé également : « Une réduction de 70 % de l’empreinte carbone », estime l’entrepreneur. Outre sa solidité, la raquette assume une esthétique brute, sans peinture ni décalcomanies : la trame du carbone y apparaît comme une signature, bien que les joueurs puissent personnaliser leur modèle. « Je souhaite que chaque raquette soit un objet statutaire mais aussi un manifeste pour une industrie locale », explique-t-il.

Les raquettes d’Hexagon Padel sont « made in Loire-Atlantique » et conçues à partir de fibres de carbone recyclées. NICOLAS LE PORT – IJ
S’il en est encore au stade de la fabrication des préséries de ses raquettes, leur commercialisation est prévue début 2026, avec un positionnement haut de gamme et l’ambition de remettre la France au centre du court. , conclut Guillaume. Sur le court comme dans son atelier, il affine son geste. Et prouve au passage que l’industrie ligérienne peut avoir un très beau toucher de balle.