Couverture du journal du 26/04/2024 Le nouveau magazine

Quo Vadis : des agendas made in Carquefou

Plus de 8 millions d’agendas en sortent chaque année. Implantée à Carquefou depuis 45 ans, l’usine Quo Vadis ouvrait pour la première fois ses portes au public, lors des Journées régionales de la visite d’entreprise, les 24 et 25 octobre. La société participe au salon « Made in France », du 8 au 11 novembre à Paris.

Les éditions Quo Vadis sont nées à Marseille en 1954, lorsque le docteur Georges Beltrami a inventé l’Agenda Planing, permettant de visualiser la semaine d’un coup d’œil.

Tout commence au studio graphique, où créativité et relecture pointilleuse se conjuguent pour donner naissance à 150 modèles d’agendas par an, soit 400 fichiers rédigés en 15 langues d’édition, pour plus de 12 000 pages mises à jour. En pénétrant dans le bruyant atelier d’impression, les bouchons d’oreille ne sont pas du luxe. Selon le procédé offset à base de plaques en aluminium, une rotative et trois machines feuilles tournent à plein régime, à raison de 12 000 feuilles par heure.

Quelque 2500 tonnes de papier défilent ici chaque année, principalement en provenance de l’usine vosgienne historique de Clairefontaine, le groupe familial Exacompta-Clairefontaine, ayant racheté les éditions Quo Vadis en 1999. D’où l’obtention en 2013 du label « Origine France Garantie », aujourd’hui fièrement revendiqué.

« Le Quo Vadis tient dans le temps ! »

Une fois imprimées, les feuilles sont pliées par six machines, dans l’ordre des pages souhaitées, avant d’être assemblées entre elles par cahiers, tantôt cousus de fil, tantôt à peine collés le temps d’être perforés puis spiralés. Les bobines déroulent à grande vitesse : « Nous ne fabriquons aucun agenda avec une simple reliure de colle. C’est le choix de la qualité : le Quo Vadis tient dans le temps ! », souligne notre guide Philippe, 25 ans de boîte, responsable des achats et de la planification.

Chaque machine a son rôle – plus de 200 sur toute l’usine ! –, comme celles qui servent à coller, renforcer ou bien plier les couvertures, en divers formats et modèles, ajouter un élastique ou encore insérer un signet à l’intérieur. En 1×8, 2×8 ou 3×8 selon la période, les opérateurs contrôlent, règlent, ajustent les machines.

Les agendas 2021 déjà imprimés

Tiens, des agendas de l’année 2021 sont déjà mis en palettes ? « Eh oui, avec 8 millions d’agendas par an, il faut envoyer ! On est obligés de produire simultanément à court et long terme. Le marketing travaille déjà sur la collection 2022 », indique Philippe. Le temps du séchage, et en fonction des wagons de production d’une gamme aujourd’hui très étendue, cinq à six semaines sont nécessaires pour fabriquer un agenda. 

Le temps d’apercevoir les énormes tuyaux d’aspiration de déchets papier (envoyés par conteneurs chez Veolia ; 90% des déchets sont recyclés), et nous voilà dans la deuxième partie de l’usine, dédiée à la fabrication des couvertures. Papier, synthétique, cuir, PVC : livrés sous forme de grosses bobines, 800 000 m2 de matière sont manipulés chaque année et façonnés en des modèles toujours renouvelés pour séduire à la fois les scolaires et les adultes (coloris, motifs, rabats, pochettes, finitions…).

Encore des ateliers de couturière

« Le marquage personnalisé pour les cadeaux d’affaires représente 20% de notre CA », souligne Perrine, chargée du marketing, montrant quelques « clichés » – ces tampons métalliques servant à imprimer un logo. Si l’essentiel est réalisé par des machines semi-automatiques (dont une créée sur mesure par le lycée de la Joliverie), les fils sont coupés à la main et il subsiste des ateliers de couturière pour la confection des pièces complexes, comme les organiseurs. « C’est vraiment du travail artisanal », commente Perrine.

Reste l’étape de « l’habillage » – qui consiste à rentrer les agendas dans les couvertures amovibles -, réalisée depuis trente ans par l’entreprise d’insertion Avenir Service Industrie, sur le site même de l’usine. Avant d’être expédiés aux quatre coins du monde – 300 000 colis par an, 10 000 points de vente -, les agendas Quo Vadis et leurs 5 500 références sont stockés dans un entrepôt de 10 000 m2, à quelques kilomètres.

Du « sur-mesure » face à un CA en baisse

Face au numérique, Quo Vadis voit son chiffre d’affaires – 50 M€ en 2018 – suivre celui de l’édition et baisser de 2% à 5% par an depuis dix ans, le nombre d’employés ayant chuté de 280 à 220. « Mais le papier ne va pas disparaître », estime Jérôme Nusse, PDG de Quo Vadis et petit-fils du fondateur du groupe Exacompta-Clairefontaine. Face à la régression des volumes, le dirigeant mise sur une montée en gamme et le développement du sur-mesure. « La personnalisation en ligne que nous proposons depuis deux ans sur notre site Quo Vadis Factory connaît un vrai succès. Le client peut concevoir son propre agenda ou carnet, et nous lui fabriquons, en un seul exemplaire, avant de lui expédier à domicile. »

Pour coller aux nouveaux usages, Quo Vadis propose davantage de carnets à remplir soi-même, comme ce modèle en papier noir qui sortira en février. Ou cet agenda doté d’une pochette plastique tactile pour y glisser son smartphone. Et la société a lancé l’an dernier une application permettant de consulter son agenda en dix vues différentes.

L’atout « Made in France »

Méconnue des Nantais eux-mêmes et sans réel concurrent dans l’Hexagone, l’usine Quo Vadis entend aussi davantage promouvoir l’argument « Made in France » et ses actions de RSE, pour consolider une marque forte « qui s’en sort déjà plutôt bien » selon son PDG. Telle était l’ambition de ces deux journées portes ouvertes, plébiscitées par les visiteurs (90 en deux jours). « Les gens ont pu voir que notre production était complexe, minutieuse, qualitative. Nous espérons aussi améliorer notre recrutement par ce biais », conclut le PDG.

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