Du jamais-vu depuis près de 40 ans en France ! En mai 2022, l’inflation était de 5,2 % et atteignait 5,8% 1 en juin. Un paradoxe pour certains, alors que l’activité économique avait retrouvé son niveau de 2019, sans pour autant l’avoir dépassé. Comment s’explique cette hausse généralisée et durable des prix à la consomation ? Quels en sont les mécanismes et conséquences ? À quoi doivent s’attendre les chefs d’entreprises et les acteurs du monde économique les prochains mois ? Pour les éclairer sur ce sujet complexe, l’Observatoire économique, social et territorial de la Vendée (OESTV) y a consacré une matinale. À la barre de la conférence du jour, Isabelle Job-Bazille, directrice des études économiques du groupe Crédit Agricole.
En introduction, elle a rappelé le contexte dans lequel s’inscrit cette hausse spectaculaire des prix. Les pénuries et retards d’approvisionnement sur de nombreuses matières premières et matériaux en raison de la crise Covid ont indéniablement eu un impact sur les prix. « Sans l’engagement précoce de l’État et de son “quoi qu’il en coûte“, cette inflation aurait probablement été supérieure de deux points », souligne Isabelle Job-Bazille. Résultat : l’inflation française est inférieure à la moyenne européenne, qui s’élève à 8,1 % 2 (zone euro).

Isabelle Job-Bazille, lors de la matinale organisée par l’OESTV début juillet, en Vendée © IJ
UNE POUSSÉE INÉDITE ET D’AMPLEUR MONDIALE
Ce qui affole indubitablement les compteurs depuis cinq mois, c’est bel et bien la guerre ukrainienne. Des céréales en passant par le gaz et le pétrole, cette poussée inflationniste inédite est d’ampleur mondiale. Pour mesurer finement cette inflation, l’Insee (Institut nationale de la statistique et des études économiques) utilise l’indice des prix à la consommation (IPC), élaboré sur un panier de biens du consommateur moyen. Chaque catégorie de produit est ensuite pondérée en fonction de son poids dans le budget des Français.
Résultats ? Fin mai, l’alimentation, qui représente 16 % 3 du budget des ménages et dont les prix ont augmenté de 4,3 % sur un an, contribuait à 13 % à la hausse générale des prix. Quant à l’énergie, qui représente près de 9 % du budget des ménage…