Couverture du journal du 01/10/2025 Le nouveau magazine

Les festivals au bord de la crise de nerfs

Qu'il semble loin l'été 2023, quand les festivals, à guichets fermés, signaient leur retour en force sur le devant de la scène post-Covid. Billetterie en berne, édition au rabais, décroissance… Cette année, nombre d’organisateurs déchantent. Un changement radical d’ambiance que la météo, pas plus que les JO, ne suffisent à expliquer.

Gare aux apparences : pour les festivals, même à guichets fermés, l'argent ne tombe pas du ciel. Photo Nicolas Tessier

Les Jeux olympiques n’auront pas fait transpirer que les athlètes cet été. Paris 2024 aura aussi donné quelques suées aux organisateurs de festivals. Et pas mal de fil à retordre à Mélanie Noyer, la codirectrice du Dub Camp de Joué-sur-Erdre. Certes, la neuvième édition de ces réjouissances, dédiées au sound system jamaïcain, s’est tenue à ses dates habituelles, mi-juillet. Mais son planning, comme ses plans, n’en ont pas moins été bousculés par l’arrivée des JO. Jusqu’au bout, « on s’est fait peur sur la disponibilité des agents de sécurité et des bénévoles secouristes », avoue Mélanie Noyer.


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D’énièmes sueurs froides après une année déjà bien « compliquée » et « fatigante », passée à « se battre » avec les contraintes d’un été à nul autre pareil. Car pour concentrer toutes leurs forces sur les Jeux, les autorités avaient proscrit la tenue en France de toute autre manifestation d’ampleur entre le 18 juillet et le 11 août. Une période de restrictions à peine assouplie jusqu’au 8 septembre et la fin des Jeux paralympiques. Par choix ou par obligation, plusieurs festivals locaux ont donc avancé leurs dates, comme les Escales de Saint-Nazaire, dans un calendrier par ailleurs dynamité par la décision du Hellfest de Clisson, le mastodonte de la musique métal, de se reporter sur le dernier week-end de juin… chassant du même coup de son créneau habituel l’autre grand rendez-vous du coin, La Nuit de l’Erdre, décalé d’une semaine.

La Nuit de l’Erdre est parvenue à maintenir un niveau de fréquentation élevée en 2024, mais sans réussir à afficher complet sur ses quatre jours. Photo Nicolas Leboeuf

Dans ce grand chamboule-tout à effet domino, le Dub Camp s’est retrouvé « pris en étau : notre organisation ne collait plus », rembobine Mélanie Noyer. « D’ordinaire, nous mutualisons, avec les autres festivals, le matériel, les techniciens, les prestataires. Là, on a dû tous les recontacter très tôt, pour savoir qui pourrait travailler pour nous en 2024. Ce fut notre première frayeur, et un gros travail pour trouver d’autres partenaires », souffle-t-elle. Mais aussi une chance pour l’association Get Up, à l’origine du Dub Camp Festival.

Dans l’impasse économique, après des résultats financiers 2023 « [moroses] avec un déficit conséquent », selon ses termes de l’époque, l’équipe de cinq permanents (appuyée par 950 bénévoles l’été) entrevoit, dans ces circonstances exceptionnelles, une porte de sortie. « On était entré dans un engrenage », admet aujourd’hui la codirectrice. « Pour avoir un festival qui tournait, on cherchait à accueillir plus de monde, en espérant rentrer plus d’argent. Mais, au bout du compte, on arrivait juste à l’équilibre. L’année suivante, il nous fallait donc encore plus de monde… »

Acculé par cette fuite en avant, Get Up a fini par mettre en sourdine son modèle. L’événement est passé sur trois jours (au lieu de quatre), limité à trois zones de danse (contre cinq), avec une jauge abaissée à 9 000 personnes sur site (pour une capacité maximale théorique de 15 000). Un « pari » osé, pour un objectif qui ne l’était pas moins : diminuer d’un tiers le budget du festival. Soit 1 M€ d’économies à faire. « Pas une mince affaire… », avoue Mélanie Noyer.

Photo David Gallard

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