En ce début de matinée d’une grise journée de juillet, l’air est lourd et humide. Le ciel, sans être menaçant, diffuse une lumière laiteuse sur le parvis des Nefs. C’est ici que débute la visite. Au fond de la halle, 145 mètres plus loin, en provenance de l’esplanade des Riveurs, au sud, un son étrange fend l’atmosphère : un barrissement puissant, presque animal. Puis une trompe émerge, des défenses, enfin la tête massive d’un éléphant. Le public retient son souffle. Comme dans un western mécanique, l’arachnée géante du Dr Loveless laisse place ici à un pachyderme majestueux, de bois et d’acier. Les enfants s’élancent, les adultes dégainent leur smartphone. Le Grand Éléphant vient d’entrer en scène.
Le géant mesure 12 mètres, pèse 48 tonnes, sa peau est en tulipier huilé, ses articulations en métal luisant. Il avance sans trembler, glissant doucement sur ses roues. Il traverse le vaste hangar dans toute sa longueur avant de s’arrêter à son extrémité nord pour faire descendre les passagers. Puis, après une courte pause, il embarque de nouveaux voyageurs et repart.
Le bois crisse, les vérins soupirent, les engrenages chantent. C’est une parade poétique et artisanale. Tout au long de sa déambulation, le machiniste caché dans ses flancs active sa trompe, fait jaillir des jets d’eau, interagit avec les enfants. Le spectacle n’est pas seulement sur l’animal, mais tout autour : éclats de rire, applaudissements, éclaboussures.
Dans la Nef, sur la droite, un escalier permet d’accéder à l’étage. Depuis la coursive suspendue, le regard plonge sur l’atelier de La Machine : une fourmilière d’artisans où naissent les chimères de demain. On y entend le choc du métal, le souffle des compresseurs, le martèlement régulier de la…