Couverture du journal du 01/10/2025 Le nouveau magazine

Financement des start-up, l’heure des preuves…

Le financement des start-up traverse une zone de turbulences. Après une décennie d’argent facile et de levées records, les investisseurs ne se contentent plus de promesses et se montrent exigeants. Rentabilité, traction commerciale et crédibilité des porteurs font partie des nouvelles règles du jeu. Enquête sur un écosystème contraint de se réinventer.

homme devant coffre de banque

Financement des start-up, l’heure des preuves…SHUTTERSTOCK

Le constat est sans appel : 147 tours de table seulement au premier semestre 2025, contre 410 un an plus tôt. Cette chute de 64 % des financements en amorçage en France illustre la fin d’une époque où l’argent coulait à flots pour soutenir des projets parfois fragiles. Dans les Pays de la Loire, incubateurs, réseaux d’accompagnement et acteurs de la French Tech observent cette même tendance : les promesses ne suffisent plus. Les start-up doivent désormais démontrer une traction commerciale, une rentabilité potentielle et un pilotage rigoureux pour espérer séduire les investisseurs.

« Depuis 2024, le contexte des levées de fonds est beaucoup plus fragile », confirme Alexis Maudet, responsable du Village by CA Atlantique Vendée. « Les tours de table prennent plus de temps, car les investisseurs attendent des dossiers bien plus solides. » Un constat qu’illustre Antoine Tétart, responsable de l’incubateur de Laval Mayenne Technopole : « Il faut désormais six à huit mois d’échanges, contre trois à quatre mois auparavant, avant d’aboutir à un accord. »

Cette fragilité, l’équipe de chargés de mission du Mans Innovation la note également : « La période est effectivement compliquée pour la levée de fonds. Même les entreprises matures du territoire rencontrent des difficultés à trouver des financements. Et pour les jeunes pousses qui démarrent souvent avec très peu de capitaux propres, cela les rend vulnérables dès le départ. »

Pitchs : les promesses ne suffisent plus

Pendant longtemps, un bon pitch suffisait à convaincre. De jeunes fondateurs pouvaient lever des millions avec une idée séduisante et une belle présentation. Cette époque est révolue. « Hier, les start-up pouvaient embarquer les financeurs avec un business model prometteur et une perspective de sortie rapide. Aujourd’hui, c’est terminé : plus personne ne finance une idée sur le papier », souligne Mikaël Vincent, directeur général de la French Tech Vendée. « Ce qui compte désormais, c’est le chiffre d’affaires, le nombre de clients, la traction commerciale. »

Mikaël Vincent, directeur général de la French Tech Vendée.

Mikaël Vincent, directeur général de la French Tech Vendée. FRENCH TECH VENDEE

Un avis partagé par Emmanuel Lichou et Frédéric Clabau, respectivement directeur et chargé de mission Innovation d’Angers Technopôle : « Les règles du jeu ont évolué. Les financements ne sont plus attribués aussi facilement. Les investisseurs demandent plus de garanties et de preuves de viabilité qu’auparavant. » Conséquence : seuls les dossiers les plus solides sont financés. Si bien que de bons projets, portés par des entrepreneurs motivés mais encore fragiles, passent à la trappe faute de garanties suffisantes.

 

Emmanuel Lichou, directeur d’Angers Technopôle.

Emmanuel Lichou, directeur d’Angers Technopôle. ANGERS TECHNOPOLE

Frédéric Clabau, chargé de mission innovation d’Angers Technopôle.

Frédéric Clabau, chargé de mission innovation d’Angers Technopôle-ANGERS TECHNOPOLE

L’argent est toujours là, mais…

Faut-il pour autant parler d’assèchement ? A priori non, l’argent est toujours là : les fonds français ont levé 2,8 milliards d’euros en 2024 et disposent à l’échelle européenne d’un matelas de 50 milliards. S’ils doivent investir les capitaux qui leur sont confiés, ils deviennent effectivement beaucoup plus sélectifs. « Il n’y a pas d’assèchement des financements », approuve Alexandre Ménard, directeur du Réseau Initiative Nantes. « En revanche, les financeurs regardent de plus près la solidité des projets, l

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