Au sortir de la crise sanitaire, vous inaugurez en janvier 2022 votre usine du futur. Comment s’inscrit-elle dans votre stratégie de développement ?
Si l’on veut continuer à produire en France des meubles design, il faut se doter de moyens agiles pour rester compétitifs, être à l’écoute des tendances, être capables d’accompagner nos clients dans la personnalisation de leur intérieur. Et les Français n’ont jamais autant bichonné leur maison que depuis la crise sanitaire. Nous avons enregistré une croissance de chiffre d’affaires de 15 % en 2020 et de 25 % en 2021. Cette nouvelle usine robotisée permettra de produire à la carte des agencements personnalisés via notre outil de conception digitalisé. Elle nous permettra aussi de diversifier notre portefeuille de clients. Nous avons d’ailleurs ouvert un nouveau concept de magasin urbain, plus intimiste, rue de la Convention à Paris, misant sur ce configurateur baptisé « Gautier Home ». Le magasin pilote dispose d’une matériauthèque complète, un large choix de finitions pour les meubles, de tissus et cuirs pour les canapés et fauteuils et de papiers peints et de luminaires pour parfaire sa déco. À terme, le configurateur devrait permettre de déclencher instantanément la production d’une pièce personnalisée dans l’usine que ce soit via les magasins du réseau Gautier ou le web.
Votre autre challenge est de faire de Gautier une entreprise apprenante. Comment cela se traduit-il concrètement ?
L’entreprise est en constante mutation depuis sa création il y a 60 ans et doit rester agile pour être performante. Les métiers évoluent et personne ne peut être heureux dans son entreprise en restant 20 ans au même poste. Les entretiens professionnels et la formation continue sont des outils utiles mais insuffisants pour faire évoluer les salariés et détecter leurs aspirations. Nous avons cartographié 160 fiches de postes différents dans l’entreprise. Et pour que chacun puisse mieux appréhender les métiers de l’entreprise, nous proposons depuis deux ans l’opération « Vis mon job ». Tous les salariés peuvent, sur leur temps de travail, passer une journée dans un autre service de Gautier pour découvrir le métier d’un autre salarié et postuler le cas échéant à un poste similaire. Moyennant, bien sûr, la formation appropriée.
Quelqu’un s’est-il intéressé à votre poste ?
Oui, à ma grande surprise. Deux personnes issues des deux usines du Boupère et de Chantonnay sont venues passer une demi-journée avec moi pour découvrir ma façon de travailler, de gérer le quotidien de l’entreprise.
Dans le cadre de l’entreprise apprenante, vous avez aussi mis en place le dispositif Cap métier. De quoi s’agit-il ?
Ce dispositif concerne la transmission des savoir-faire de l’entreprise. Toute personne qui part en retraite ou qui quitte l’entreprise emporte avec elle une part de son expertise. Et le tuilage en binôme fonctionne rarement car il y a le flux quotidien à gérer. Cap métier vise à retranscrire et à formaliser ce savoir-faire, sous forme de fiches techniques, en recueillant les astuces, les aléas rencontrés et les réponses apportées aux diverses situations. Mis en place il y a trois ans pour l’usinage et la transformation de panneaux, le dispositif commence à porter ses fruits. Il rassure celui qui part et permet à celui qui arrive d’aller plu…