Couverture du journal du 02/07/2025 Le nouveau magazine

Entretien avec Alain Surrans, DG d’Angers Nantes Opéra : « On vise le label d’opéra national »

Plus familier des interviews culturelles, Alain Surrans s’est plié de bonne grâce à l’exercice de notre entretien. Car, comme il se plaît lui-même à le rappeler, l’opéra représente un poids économique significatif. Retour sur un échange très ouvert avec le directeur, depuis trois ans, d’Angers Nantes Opéra.

Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous aujourd’hui ?

Alain Surrans, DG d’Angers Nantes Opéra : Nous avons la difficulté profonde d’être détachés de notre mission même, qui est de produire pour rencontrer des publics. Le problème, c’est ce « stop and go ». Il y a un effet accordéon qui fait que nous sommes complètement désorganisés. Or, l’opéra est un métier d’art qui se construit au petit point sur plusieurs mois. Nous sommes donc très déstabilisés.

On a été coupés de nos publics de mars à juin et de nouveau depuis fin octobre. Le monde de la culture accuse le coup très fortement cette fois-ci.

Au milieu du concert des mécontents, vous êtes pourtant restés plutôt discrets…

Nous sommes une discipline qui se pratique dans des maisons de service public où tout est fait pour nous préserver de la précarité. La culture est très bien portée par les autorités publiques. On est très reconnaissants, surtout quand on voit ce que coûte la crise actuelle pour les collectivités. Je trouve aussi que l’État s’est vraiment engagé, personne n’est abandonné aujourd’hui.

Et puis on a quand même une activité, même si l’on a un peu tendance à inventer notre travail : on en profite pour faire des choses que l’on n’a pas le temps de faire habituellement, pour s’ouvrir et on a été aussi très présents dans les établissements scolaires.

Ce que vous demandez, c’est davantage de visibilité ?

Une crise annoncée, balisée plus largement éventuellement, permettrait de mieux nous organiser. Notre activité demande du recul, de la préparation et on ne peut pas, en claquant des doigts, se remettre en route et proposer tout de suite quelque chose au public.

On espérait reprendre le 15 décembre et on nous a renvoyés au 7 janvier. Sauf que l’on se dit qu’il y aura alors une troisième vague en train de monter et qu’il faudra à nouveau prendre des mesures. Mais on ne nous le dit pas maintenant… On est là, en alerte, on commence en janvier les répétitions de notre production lyrique à suivre alors qu’au fond de nos cœurs on se donne 10% de chances de la présenter au public.

Comment, dans ce contexte, mener à bien le projet que vous aviez pour l’opéra depuis votre arrivée ?

J’ai pris mes fonctions le 2 janvier 2018, il y a tout juste trois ans, avec un premier semestre programmé par mon prédécesseur. 2019 a donc été la première année complète et derrière, il y a eu 2020… Je suis venu avec un projet qui présentait pas mal d’innovations. Sous l’angle de l’offre d’abord. Je voulais une offre plus diversifiée dans laquelle l’opéra soit au cœur d’un dispositif culturel plus large. J’ai, par exemple, inventé une programmation musiques du monde. J’ai surtout fait cela dans l’idée de m’adresser non pas à un public lyrique, mais à l’ensemble des publics qui peuvent être amenés à l’opéra à travers toutes sortes d’offres. Avec nota…