C’est un chantier qui aura nécessité « une trentaine de millions d’euros », indique Gilles Cogny, le directeur général d’Akiolis. Spécialisée dans la valorisation des coproduits animaux en protéines et graisses, l’entreprise installée au Mans depuis 2008 fait de la décarbonation un levier de développement. Elle s’apprête à mettre en service un gazéificateur dans son usine de Saint-Langis-lès-Mortagne, dans l’Orne. Ce procédé permettra de transformer 29 000 tonnes de farines animales, produites après le processus de transformation d’animaux morts en gaz de synthèse. Ce volume était jusqu’alors acheminé par camions jusqu’aux cimenteries du Grand Ouest.
Une fois transformé, le gaz de synthèse permettra de produire de la vapeur pour le process, mais aussi de l’électricité vendue sur le réseau EDF « à un prix garanti ». « Grâce à ce projet, nous allons pouvoir réduire de 25 000 tonnes nos émissions de CO2, de 80 % les émissions d’énergie fossile de cette usine et de 25 % sur l’ensemble des sites », indique le patron de l’entreprise d’environ 1 000 salariés qui revendique un chiffre d’affaires de 325 millions d’euros.
Akiolis transforme chaque année environ 800 000 tonnes de coproduits d’origine animale, avec 48 centres de collecte et 13 usines dans toute la France. « 150 000 tonnes par an proviennent de l’équarrissage (animaux trouvés morts), 600 000 tonnes sont des coproduits générés à l’abattoir (ce qui n’est pas consommé par l’homme) et 50 000 tonnes issues des boucheries et détaillants », explique Gilles Cogny. L’entreprise s’adresse à trois marchés : la nutrition (le petfood ou marché de l’alimentation pour animaux de compagnie ; l’aquafeed ou marché des aliments pour l’aquaculture ; les engrais pour plantes), le marché énergétique pour la fabrication de biodiesel et les marchés techniques (notamment l’oléochimie) et compte parmi ses clients Royal Canin, Total ou encore Les Savonneries de l’Atlantique. Près de 40 % des produits finis sont exportés.
Mais l’entreprise doit composer avec des volumes en baisse. « En 2008, nous traitions un million de tonnes », compare-t-il. En cause : l’élevage français qui poursuit son déclin (baisse du nombre d’éleveurs, transmission des exploitations agricoles sous tension, lutte contre l’élevage intensif, etc.). De ce fait, Akiolis prévoit d’aller chercher d’autres sources d’approvisionnement à l’étranger.