Les experts-comptables ont été très sollicités depuis le début de la crise. Au final, votre profession semble y avoir gagné en crédit…
Cette période a en effet permis à la profession d’être mise en lumière. Nous, on estime que c’était une juste reconnaissance ! Depuis que je suis élu, j’ai rencontré tous les acteurs du monde économique, les institutionnels autour de nous et je constate qu’ils sont friands de savoir ce qu’on a à leur dire sur le climat économique et le ressenti de nos clients. On est les premiers à avoir l’information sur le terrain et ils n’étaient pas forcément conscients de cela. Résultat, aujourd’hui, on est inclus dans tous les tours de table. Et de notre côté, on ose aussi demander à y être associés. On veut continuer de surfer sur cette vague car on a compris l’importance de porter le message d’un expert-comptable utile à l’entreprise, à l’économie. Parce que si on remplit cette mission-là, notre profession continuera d’exister.
Vous sentez-vous menacés ?
On a aujourd’hui une prérogative d’exercice, mais on a quand même un peu tous la crainte qu’un jour cela disparaisse. Demandez aux commissaires aux comptes ce qu’ils en pensent 1 ! On a tous entendu que la fonction de comptable n’existerait plus en 2030 parce que les machines, l’intelligence artificielle feraient tout. Pour autant, nous sommes utiles. Toutes les mesures qui voient le jour, que ce soit l’impôt à la source, le fonds de solidarité ou le chômage partiel qui changent tous les mois pour ne pas dire plusieurs fois par mois, qui les met en place ? Qui se les approprie pour les restituer aux entreprises ? Qui les a faites évoluer en voyant des trous dans la raquette ? C’est nous !
Pour autant, on voit aujourd’hui beaucoup de robots qui font de la comptabilité et qui sont une nouvelle forme de concurrence. D’où la nécessité d’être utiles : si on rend des services à l’économie, on ne viendra pas nous supprimer. On sait, par exemple, que la data est aujourd’hui au cœur des enjeux et on produit énormément de datas financières. Et le fait d’être en lien étroit avec l’écosystème nous permet aussi d’être plus pertinents dans notre activité auprès des entreprises.
Dans les TPE, énormément de dirigeants sont incapables de dire quel est le montant de la dette de leur entreprise. Yannick MURZEAU
Justement, aujourd’hui vous souhaitez adresser un message d’alerte aux entreprises…
Notre rôle est de les préparer à demain. Et ce que j’appelle demain, c’est la fin des aides de l’État. Aujourd’hui, rien qu’au tribunal de commerce de Nantes, il y a, je crois, 600 dépôts de bilan de moins qu’il ne devrait y en avoir. Il faut savoir qu’il n’y a pas de dépôts de bilan pour une raison majeure aujourd’hui : les deux grandes maisons que sont l’Urssaf et la direction générale des Finances publiques ont arrêté les procédures en recouvrement depuis un an. Il y a une trêve qui a été décrétée par l’État.
Ce que nous constatons aujourd’hui dans les TPE, c’est qu’énormément…