De quelle manière vous êtes-vous inscrits dans l’histoire de l’entreprise ?
Emmanuel Miani : L’agence LMWR a été créée en 1985, mais elle a d’abord eu une existence de filiale. Son véritable point de départ, c’est 1998 quand on est rentrés au capital en arrivant. Quand on s’est rencontrés avec Frédéric, j’ai voulu que l’on soit au même niveau de capital parce que les équilibres c’est très important pour avoir 100 % de motivation et 0 % de frustration. Au fur et à mesure du temps, on a ainsi avancé de manière équilibrée pour arriver à prendre tous les deux la majorité du capital.
Frédéric Chaigne : Quand on s’est associés, on avait un projet commun, qu’on pourrait résumer en deux mots : ambition et prudence. Ambition parce qu’implantés en province, on voulait travailler sans frontières, sans œillères, pour des clients internationaux alors qu’à l’époque, dans ce métier, les marchés nationaux et internationaux étaient réservés à des agences parisiennes. Pour ce faire, on devait être très ambitieux, exigeants sur la créativité. Et prudence, parce qu’on est des endurants. On ne croit pas aux feux de paille, aux effets de mode, on ne croit pas forcément aux dernières technologies. Pour se constituer une clientèle et la fidéliser, il faut des valeurs d’engagement, d’honnêteté, répondre à la notion d’exigence.
EM : Depuis le départ, ce point d’équilibre entre ambition et prudence nous a conduits. À un moment donné, des entreprises comme la nôtre doivent avoir la capacité d’accélérer rapidement et de financer cette accélération. Au départ, en 1998, il n’y avait pas beaucoup de banquiers qui voulaient nous suivre. La prudence a donc aussi été financière et au regard des travers de notre profession. Dans les années 1990-2000, il y a en effet eu beaucoup de feux de paille !
FC : On fait un métier où l’on peut rapidement produire des campagnes de pub visibles, sur des effets de mode. Il y a souvent l’idée de frime qui l’accompagne… Or, nous, on n’est pas là pour faire la campagne publicitaire de nos clients, mais pour les aider dans leur stratégie d’innovation. Notre quotidien, c’est de les accompagner pour bâtir demain. Quand on délivre un conseil, on est attendus sur une notion de valeur ajoutée très importante, stratégique. On ne va pas demander à un client d’investir sur un positionnement et de tout investir sur Snapchat parce que sa cible est jeune, par exemple. Quelles que soient nos étapes de développement, on a toujours appuyé nos recommandations sur des études majeures d’évolutions de la société, des comportements, d’évolution des usages. C’est aussi ça être prudent dans notre métier. On n’est pas juste un métier de forme, on est aussi un métier de fond. Et ça, ça a souvent été oublié, les gens ne voyant que la partie émergée de l’iceberg.
On n’est pas juste un métier de forme, on est aussi un métier de fond. Et ça, ça a souvent été oublié, les gens ne voyant que la partie émergée de l’iceberg. Frédéric Chaigne
C’est malgré tout un métier de coups médiatiques…
EM : L’appellation d’agence de publicité qui était celle de notre métier il y a vingt ans a complètement changé. Nous, notre métier, c’est d’être une agence de conseil en communication. Les coups de com ce n’est qu’une brique du métier. Le champ d’action de nos métiers s’est multiplié par quinze en quinze ans. Au départ, quand on a recruté un ingénieur en informatique, tous les gens du métier nous ont demandé : « mais qu’est-ce qu’il va faire ? » On avait antic…