Le constat est sans appel : 147 tours de table seulement au premier semestre 2025, contre 410 un an plus tôt. Cette chute de 64 % des financements en amorçage en France illustre la fin d’une époque où l’argent coulait à flots pour soutenir des projets parfois fragiles. Dans les Pays de la Loire, incubateurs, réseaux d’accompagnement et acteurs de la French Tech observent cette même tendance : les promesses ne suffisent plus. Les start-up doivent désormais démontrer une traction commerciale, une rentabilité potentielle et un pilotage rigoureux pour espérer séduire les investisseurs.
« Depuis 2024, le contexte des levées de fonds est beaucoup plus fragile », confirme Alexis Maudet, responsable du Village by CA Atlantique Vendée. « Les tours de table prennent plus de temps, car les investisseurs attendent des dossiers bien plus solides. » Un constat qu’illustre Antoine Tétart, responsable de l’incubateur de Laval Mayenne Technopole : « Il faut désormais six à huit mois d’échanges, contre trois à quatre mois auparavant, avant d’aboutir à un accord. »
Cette fragilité, l’équipe de chargés de mission du Mans Innovation la note également : « La période est effectivement compliquée pour la levée de fonds. Même les entreprises matures du territoire rencontrent des difficultés à trouver des financements. Et pour les jeunes pousses qui démarrent souvent avec très peu de capitaux propres, cela les rend vulnérables dès le départ. »
Pitchs : les promesses ne suffisent plus
Pendant longtemps, un bon pitch suffisait à convaincre. De jeunes fondateurs pouvaient lever des millions avec une idée séduisante et une belle présentation. Cette époque est révolue. « Hier, les start-up pouvaient embarquer les financeurs avec un business model prometteur et une perspective de sortie rapide. Aujourd’hui, c’est terminé : plus personne ne finance une idée sur le papier », souligne Mikaël Vincent, directeur général de la French Tech Vendée. « Ce qui compte désormais, c’est le chiffre d’affaires, le nombre de clients, la traction commerciale. »

Mikaël Vincent, directeur général de la French Tech Vendée. FRENCH TECH VENDEE
Un avis partagé par Emmanuel Lichou et Frédéric Clabau, respectivement directeur et chargé de mission Innovation d’Angers Technopôle : « Les règles du jeu ont évolué. Les financements ne sont plus attribués aussi facilement. Les investisseurs demandent plus de garanties et de preuves de viabilité qu’auparavant. » Conséquence : seuls les dossiers les plus solides sont financés. Si bien que de bons projets, portés par des entrepreneurs motivés mais encore fragiles, passent à la trappe faute de garanties suffisantes.

Emmanuel Lichou, directeur d’Angers Technopôle. ANGERS TECHNOPOLE

Frédéric Clabau, chargé de mission innovation d’Angers Technopôle-ANGERS TECHNOPOLE
L’argent est toujours là, mais…
Faut-il pour autant parler d’assèchement ? A priori non, l’argent est toujours là : les fonds français ont levé 2,8 milliards d’euros en 2024 et disposent à l’échelle européenne d’un matelas de 50 milliards. S’ils doivent investir les capitaux qui leur sont confiés, ils deviennent effectivement beaucoup plus sélectifs. « Il n’y a pas d’assèchement des financements », approuve Alexandre Ménard, directeur du Réseau Initiative Nantes. « En revanche, les financeurs regardent de plus près la solidité des projets, l…
 
                                 
                         
                                                     
                 
                 
                 
                 
                