À quelques pas du tumulte du centre-ville, derrière la sobre façade du Triphasé, un souffle venu d’Orient déploie ses arabesques sur papier. Jusqu’au 20 septembre, ce lieu d’art nantais expose une collection précieuse d’estampes japonaises originales, principalement issues des XVIIIe et XIXe siècles. Un voyage graphique et poétique dans le Japon d’Edo, au fil de scènes de théâtre kabuki, de portraits d’acteurs et de visions du quotidien, portées par des maîtres comme Toyokuni… et Hokusai lui-même.
Car l’exposition n’est pas qu’un écho lointain à la grande rétrospective que le château des ducs consacre cet été à Katsushika Hokusai. Elle en est une déclinaison intime, presque confidentielle, mais tout aussi précieuse. Ici, on retrouve des œuvres authentiques du maître et des dessins issus de son atelier, posés à quelques centimètres de regard, sans vitrine ni distance muséale. Et pour qui voudrait prolonger l’expérience au-delà de la contemplation, ces estampes sont proposées à la vente, pour quelques centaines d’euros. Oui, repartir avec un Hokusai sous le bras est désormais envisageable.
Ce luxe discret, on le doit à Franck Moinel, collectionneur passionné et fondateur du Triphasé. Il a réuni au fil des ans une remarquable sélection d’ukiyo-e (littéralement « images du monde flottant »), un art populaire et raffiné né durant l’époque Edo (1603-1868), lorsque le Japon, replié sur lui-même sous le shogunat Tokugawa, connaît une paix durable, une prospérité urbaine… et un essor sans précédent de la production artistique. C’est dans ce contexte clos, mais foisonnant, que les estampes, longtemps sous-estimées, deviennent un véritable phénomène culturel, aujourd’hui collectionnées dans le monde entier.
Dans la foulée d’une visite au château des ducs, où La Grande Vague de Kanagawa déploie toute sa puissance iconique, un passage par le Triphasé offre un contrepoint plus intime et concret. L’occasion de prolonger la découverte de l’estampe japonaise… et, pourquoi pas, de repartir avec une œuvre authentique sous le bras.
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