Couverture du journal du 01/09/2025 Le nouveau magazine

Pour Philippe Gautier, président délégué de la chambre des notaires 44, « Notaire, c’est un métier au cœur des familles »

Notaire à Nantes, Philippe Gautier, 54 ans, a été élu en mai dernier président délégué de la chambre des notaires de Loire-Atlantique, succédant à Jean-Charles Veyrac. Il entend renforcer le lien avec les citoyens, à l'heure où les évolutions de la société imposent de repenser certaines pratiques.

Philippe Gautier notaire

Philippe Gautier notaire BENJAMIN LACHENAL - IJ

Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir notaire, et qu’est-ce qui vous anime encore aujourd’hui ?

Nous ne sommes pas des médecins, nous ne sauvons la vie de personne, mais pour moi, c’est le plus beau métier du monde. On conseille les gens qui se confient à nous, et pour cela, nous avons une énorme responsabilité. Je suis amoureux de ce métier depuis près de vingt-huit ans, et notaire à Nantes depuis 2004. Ce qui me passionne, c’est l’humain et ses aspérités. Dans la charte du notariat, il est inscrit que nous devons conseiller avec impartialité et rigueur. Nous sommes au cœur des familles. Elles nous font confiance et attendent de nous un conseil complètement désintéressé, comme je le ferai pour mon père ou pour ma mère. Cette confiance que les gens ont dans leur notaire est extraordinaire. C’est une lourde responsabilité.

De vos débuts à aujourd’hui, comment votre regard a-t-il évolué ?

Le droit est une matière en perpétuel mouvement, parce qu’il reflète la société. Le notaire a vocation à comprendre et à tenter de résoudre, avec le droit, les problématiques que les Français rencontrent. Il faut s’adapter, il faut apprendre en permanence. Reconnaissons que, depuis que je suis sorti de la faculté de droit de Nantes en 1997, la société a évolué. Après ma maîtrise, j’ai fait l’école de notariat, puis le centre de formation professionnelle des notaires de Poitiers. Depuis, des réformes ont révolutionné beaucoup de choses. Une vente, même si les obligations d’information se sont multipliées reste une vente ; le droit de la famille, lui, a changé et a connu d’importants changements.

Face aux mutations sociétales ?

Exactement. Le notariat n’y échappe pas. Je trouve que cela va globalement dans le bon sens. Il faut s’adapter à notre monde. Ce qui est extraordinaire dans notre métier, c’est qu’il n’y a pas une journée qui ressemble à une autre. Chaque jour est un renouveau. Les clients ont toujours des problèmes qui diffèrent les uns et des autres, également dans leur façon de les appréhender. Le conseil n’est donc pas formaté.
Mon oncle m’avait demandé un jour quel était, selon moi, le meilleur régime matrimonial ? J’avais répondu… mais il m’avait rétorqué : « Tu te trompes. Il n’y a pas un bon régime. Il y a un régime pour chaque situation. » Il faut adapter son conseil en fonction des personnes que l’on a en face de soi.
Et justement, les notaires sont, via leur congrès, via leurs travaux, à l’origine de différentes lois. Ils ont impulsé des changements importants et sont consultés pour tout ce qui concerne notamment le droit de la famille. Le notaire, via le Conseil supérieur du notariat, intervient très en amont de toutes les réformes le concernant. C’est un métier au cœur de la famille.

 Il n’y a pas un bon régime. Il y a un régime pour chaque situation

En la matière, quelles évolutions structurantes avez-vous suivies ?

Les familles monoparentales, l’union libre, le PACS, le mariage pour tous, la PMA… Nous établissons régulièrement dans nos études des contrats de consentements à la PMA. Nous faisons intervenir le conjoint pour consentir à la procréation médicalement assistée. Le parent qui n’est pas l’auteur biologique signe ainsi l’acte afin d’être reconnu comme parent. Cela arrive toutes les semaines dans nos études.
Nous ne sommes pas des médecins ou des chirurgiens, mais nous contribuons à (re)construire des familles en les accompagnant dans leurs difficultés. Les problématiques ne sont plus celles d’il y a trente ans : il y a, par exemple, beaucoup plus de séparations. Il est donc essentiel de développer le droit de la famille. C’est un pan très important de notre métier qu’il faut pérenniser et conforter auprès du public.

Vous avez été élu en mai 2025 président délégué des notaires de Loire-Atlantique. Comment arrive-t-on à ce poste ?

On n’est pas volontaire ! Enfin, en tout cas, moi, je n’étais pas candidat. C’est mon prédécesseur, Jean-Charles Veyrac, qui est venu me voir pour me dire que l’on pensait à moi pour lui succéder. J’étais sorti des instances depuis dix ans. Il m’a proposé cette fonction, une lourde responsabilité. Je dis souvent que je m’endors et me réveille avec les problèmes de mes confrères : je pense beaucoup à eux et aux difficultés que certains peuvent rencontrer.

En quoi consistent ces responsabilités ?

Je suis notamment chargé d’animer mon département, de représenter les notaires de Loire-Atlantique et d’organiser différents rendez-vous. Je vais ainsi mettre sur pied l’Université du notariat du 44, en juin 20…