Difficile de savoir lequel, de la politique ou du terrain, influence l’autre. On ne peut nier qu’autour du réemploi, les institutionnels de Nantes Métropole et les entrepreneurs des temps nouveaux avancent dans le même sens. La Métropole s’est ainsi autoproclamée en 2023 « terre de réemploi ». Un mantra qui guide la politique de la collectivité en faveur d’une économie circulaire, conciliant rentabilité et soutenabilité, à la fois écologique, social et solidaire. L’histoire remonte à plus de vingt ans. En découle un storytelling qui raconte des aventures humaines. Parmi elles, celle d’Armel Tripon. Avec l’idée de verdir la course au large, le skipper nantais avait lancé la construction d’un Imoca à base de fibres de carbone réemployées, issue des pertes de l’industriel de l’aéronautique Airbus, et cela en portant les couleurs de l’association Les P’tits Doudous dont il est l’ambassadeur. Le navigateur baptise officiellement son navire avec son équipe le 12 juin, quai de la Fosse à Nantes entouré d’une trentaine de mécènes dont la Métropole figure en bonne place. Et pour cause, elle est le moteur des rencontres entre Armel Tripon et Airbus.

Armel Tripon devant le hangar de l’imoca, à la Trinité-sur-Mer, après son transfert du chantier Duqueine Atlantique. Jean-Louis Carli
Le binôme Mahel Coppey et Francky Trichet, vice-présidents communautaires, porte la voix du réemploi au titre de la politique de réduction des déchets. « Ma mission, en tant que médiateur, c’est de créer un réseau », définit ce dernier. En 2020, l’État promulguait la loi antigaspillage pour une économie circulaire (Agec). Pour repenser le modèle dit linéaire, les collectivités territoriales sont amenées à accompagner les acteurs de leur territoire. Cela concerne le démantèlement des déchets, du gisement au stockage, jusqu’à leur réutilisation ou, à défaut, leur recyclage en vue d’une transformation. Parmi les atouts des élus : un carnet d’adresses long comme le bras et une connaissance fine du terrain. Leur casquette politique, au service des porteurs de projets, déverrouille les échanges.

Le binôme réemploi de Nantes Métropole Francky Trichet – Mahel Coppey. THIERRY MEZERETTE
Les actions de la Métropole se présentent pour certains comme un soutien essentiel. Pour d’autres, comme un simple coup de pouce. « Nantes Métropole favorise le développement de projet et propose un modèle inspirant et très observé », indique à son tour la Chambre régionale d’économie sociale et solidaire (Cress) qui porte un regard avisé sur les Pays de la Loire. Une visibilité qui n’est pas le fruit du hasard. Dès 2018, Mahel Coppey, déléguée à l’économie sociale et solidaire et l’économie circulaire à Nantes Métropole, devient présidente du réseau des collectivités territoriales pour une économie solidaire (RTES) qui rassemblait 200 collectivités à travers la France.
En accompagnant Angers Loire Métropole sur ces questions, et plus récemment Saint-Nazaire, qui a présenté début juillet son projet ESS, la Cress alerte par la voix de sa responsable ressources et vie associative, Karine Fenies Dupont : « Attention à ne pas faire un copier-coller des politiques menées. Les territoires sont différents. » À l’instar de la Vendée, elle dépeint une Sarthe « frileuse à affirmer une vision politique du réemploi et de l’ESS, par manque de porteurs de projets ». Sur la question de l’économie sociale et solidaire, acteurs hors réemploi compris, la Loire-Atlantique dénombre 5 538 établissements, contre 2 674 en Vendée et 1 763 en Sarthe.
Fonds réemploi : Nantes Métropole intensifie ses actions
Sur le réemploi, aux paroles, des actes. Dès 2006, avec les Ecossolies, rendues possibles entre autres grâce à la détermination de Jean-Philippe Magnen, élu communautaire Europe Écologie-Les Verts, Nantes s’engageait. De ses débuts comme simple réseau de l’ESS, le dispositif dispose aujourd’hui d’un pôle d’innovation sociale au service des entrepreneurs. Viendront plus tard une feuille de route et « une charte métropolitaine du réemploi », visant à faire émerger une filière locale dont 89 acteurs sont aujourd’hui signataires.
Du côté des ressourceries, le cœur est à l’ouv…
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