Quiconque longe l’A87 du côté de La Roche-sur-Yon ne peut manquer l’imposant bâtiment à la façade multicolore qui la borde. D’une superficie de 36 000 m2, répartie sur deux sites, il est entièrement dédié à la production de vérandas et de pergolas. Si l’on intègre les parkings, les zones de stockage et d’expédition de ce gigantesque site industriel, l’emprise au sol équivaut à dix-huit terrains de football. Ce complexe, c’est le « vaisseau amiral » du groupe Gustave Rideau, numéro un français de la véranda qui fête cette année ses cinquante ans. Mais pas seulement.
Car ce fleuron de l’économie vendéenne fabrique aussi des mobil-homes ainsi que des abris de piscine et de terrasse. Plus étonnant, le groupe est à la tête de quatre campings par le biais de sa société et marque Cybèle Vacances. Une success story à la vendéenne, à la fois familiale et profondément ancrée sur son territoire, fruit de l’imagination « débridée mais réaliste » de son fondateur, le capitaine d’industrie Gustave Rideau.
« Quand je regarde dans le rétro, tout cela dépasse mes espérances. Et tant mieux. Mais au quotidien, c’est beaucoup de travail et de remises en question. L’entreprise m’a causé bien plus de soucis que mes deux fils, Stanley et Steven », souligne avec une pointe de modestie l’entrepreneur, officiellement retraité depuis deux ans.

Usine vendéenne du groupe Gustave Rideau. ©DR
Le bon sens paysan de celui qui n’aimait pas l’école
À soixante-treize ans, ce grand sportif, passionné de vélo, n’a rien perdu de son dynamisme légendaire. Depuis toujours, Gustave Rideau fourmille d’idées. « Dans l’entreprise, le patron a la réputation de laisser jaillir ses idées sans aucun tabou et de les emmener loin. En tant qu’autodidacte, il a un don inné pour le business. Il n’a pas suivi de hautes études mais le compense par son bon sens paysan », écrit son ami, le journaliste Claude Ollivier, dans le livre retraçant la saga Rideau, paru aux Éditions Ouest-France, en 2024.
« À part l’école qui ne m’aimait pas et moi qui n’aimait pas l’école, j’ai eu une enfance très sympa », nous confie avec le sens de la formule Gustave Rideau. À la fois humble et charismatique, le dirigeant n’aime pas trop parler de lui. « Surtout le matin », parle d’une seule et même voix son entourage. « L’après-midi, il est bien plus bavard. » Surtout quand il s’agit de parler business. Et pour cause : entreprendre, c’est toute sa vie.
Quatrième d’une fratrie de six, Gustave Rideau a vu le jour en novembre 1951, à Vairé, près des Sables-d’Olonne. Son père est charpentier menuisier. Et comme son fils n’est pas un champion du monde à l’école, mais plutôt un cancre au caractère espiègle, son père décide de le prendre comme apprenti. Sans doute a-t-il senti en lui l’intelligence des mains. « Enfant, le dimanche ou le jeudi après-midi, j’allais déjà le rejoindre à l’atelier. Nous fabriquions des volières et autres bricoles. J’étais dans mon élément. C’est mon métier qui m’a instruit. »
C’est ici, au milieu des planches et copeaux de bois que naît sans doute son envie d’entreprendre. Une fibre détectée notamment par ses sœurs lorsqu’il n’avait que huit ou dix ans. « Sans doute parce que tu aimais cheffer », le taquine Stanley, son fils aîné à la tête de l’entreprise depuis septembre 2023. « Peut-être… mais je n’en avais pas conscience. C’est vrai que je n’étais pas à l’aise quand je n’étais pas chef », reconnaît le patriarche.
Être acteur de sa vie
Au-delà de ses talents de capitaine, Gustave Rideau n’entreprend jamais rien à la légèr…