À l’occasion de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH), quel message souhaitez-vous faire passer ?
Chacun a sa place dans la société et dans l’emploi. Trop souvent, on parle d’intégration « des personnes en situation de handicap » comme s’il s’agissait d’un groupe à part, alors que la vraie question, c’est la reconnaissance des différences comme une richesse. Il faut s’ouvrir à la différence, car elle enrichit les organisations, les relations humaines et, par conséquent, la société. Chez Saprena, nous avons fait de cette ouverture une évidence quotidienne.
Quels freins persistent encore dans les entreprises classiques ?
Le principal, c’est le regard. Le mot « handicap » fait encore peur. Beaucoup d’entreprises pensent inclusion en termes d’obligation légale, alors qu’il faudrait la penser en termes de talents. Quand on recrute avant tout des compétences, on crée les conditions d’une intégration naturelle : accompagnement, formation, adaptation du poste si nécessaire… Chez Saprena, on ne recrute pas des personnes « en situation de handicap » : on recrute des professionnels. En réalité le handicap, c’est souvent la personne qui embauche qui se le met dans la tête, pas celle qui vit la situation.

Les équipes du service propreté de Saprena intervenant chez EDF. SAPRENA DAVID GAILLARD
Le handicap, c’est souvent la personne qui embauche qui se le met dans la tête »
Comment inverser cette perception ?
Cela passe d’abord par un changement culturel. Il faut parler de diversité humaine, pas de handicap. Si nous acceptons que chaque individu soit singulier dans sa personnalité, son rythme, son parcours, alors le regard sur le handicap se transforme naturellement. Il n’existe pas une seule politique d’inclusion en entreprise : il y a autant de façons d’inclure que d’individus.
Le rôle des dirigeants semble déterminant…
Il est effectivement essentiel. Si l’impulsion ne vient pas du sommet, les lignes ne bougeront pas. Une entreprise ne peut pas être inclusive par décret : elle le devient parce que son dirigeant en fait une valeur fondatrice. L’inclusion doit faire partie du socle de gouvernance. On ne dirige pas une entreprise humaine sans conviction humaine. Chez Saprena, cette vision irrigue toutes nos décisions : du recrutement à la stratégie, en passant par la relation client.
Justement, pouvez-vous revenir sur la création de Saprena ?
Saprena, acronyme de « Société d’atelier protégé de la région nantaise », a été créée en 1987 grâce à la volonté de parents d’enfants en situation de handicap. À l’époque, l’objectif était simple : créer un atelier permettant à ces derniers d’exercer une activité professionnelle digne et reconnue. L’entreprise s’est d’abord développée dans le conditionnement, avant de se diversifier : espaces verts, propreté, restauration, maintenance, logistique… Aujourd’hui, nous comptons plus de 500 collaborateurs et travaillons avec des partenaires industriels historiques comme Airbus, Dassault ou Daher.

Alexandra Miailhe, directrice générale de Saprena AGENCE BRUNET-MONIÉ
Quels sont vos différents domaines d’activité ?
Nous articulons notre développement autour de trois grands pôles. D’abord l’industriel, avec des lignes de conditionnement pour des entreprises d’hygiène et de cosmétique. Nous fabriquons par exemple les gels douche d’Eurodisney, et nous avons lancé en 2024 notre propre marque de produits d’hygiène, Unique. Ce projet illustre bien notre philosophie : permettre au consommateur de devenir acteur de l’inclusion, simplement en choisissant un produit engagé.
Ensuite le pôle logistique et maintenance, notamment dans l’aéronautique. Nous gérons des entrepôts et des flux pour de grands groupes, tout en réintroduisant de « l’humain » dans des tâches qu’on aurait pu confier à des machines. Je parle souvent de notre approche comme d’un « remplacement de l’hu…