En 2018, une étude intitulée « Le futur du travail en 2030 : quatre atmosphères ? » a exploré quatre scénarios potentiels pour l’avenir du travail en France : le freelancing en pleine expansion, le salariat qui demeure au cœur de l’économie, le revenu universel qui est testé pour favoriser des logiques moins monétaires, et enfin l’hybridation du travail qui se retrouve partout.
Chacune de ces atmosphères semble exprimer une déconstruction des modèles anciens où salariat et CDI ne sont plus la norme et le modèle uniques, où les carrières sont moins linéaires et centrées autour d’une seule expertise, où les horaires et les lieux de travail sont moins fixes et stables, où les relations hiérarchiques et les rapports de force sont remis en question, voire inversés.
Même l’atmosphère « salariat » est repensée, voire hybridée pour se réajuster aux nouvelles réalités : besoins de flexibilité, adaptation à la digitalisation, alignement avec les aspirations des jeunes générations. En répondant à la fois à de nouveaux enjeux et à différentes logiques, cette étude reconfigure un nouveau paysage du monde du travail.
Le numérique et les technologies sont omniprésents
Qu’il s’agisse du freelance, du salarié connecté, de l’hybride multitâche ou de la personne bénéficiant du revenu universel adossé, tous les scénarios intègrent la médiation numérique (plateformes, cloud, IA, outils collaboratifs) et l’hybridation du travail physique et digital (présence/visio, travail asynchrone, ubiquité professionnelle).
Chaque scénario traduit une quête d’équilibre subtil entre liberté individuelle, souplesse et cadre protecteur. Avec d’une part la recherche d’autonomie, de flexibilité, de créativité avec le déclin du CDI unique, la fin des repères fixes (horaires, lieux) et d’autre part, les besoins de protection avec un statut et un contrat stable. La grille d’analyse par atmosphère fait également ressortir que le travail passe d’une logique fonctionnelle (liée à un métier/poste/mission) à une logique existentielle (identité/engagement/sens). Les ressentis, le sens du travail et la relation à celui-ci sont au cœur des priorités des travailleurs.
L’hybridation (au-delà du scénario lui-même) ainsi que le slashing se retrouvent dans chacun des scénarios. Ces quatre atmosphères ne sont pas exclusives et participent à faciliter des combinaisons de métiers différents (exercés en parallèle) et des combinaisons de statuts différents pour une même personne (salariat, freelance, portage salarial, management de transition, job sharing, formation, mécénat de compétences, revenu universel).
Qu’en est-il, cinq ans seulement avant la date de projection de cette étude ?
Il ressortait, en synthèse de l’étude, que le futur du travail ne passerait pas par un « grand remplacement », mais qu’il tendrait plutôt à s’hybrider, à devenir pluriel, liquide, mobile, modulable. Cette tendance semble se confirmer et trouver sa place dans les trois scénarios « freelancing », « salariat », « hybridation », tout en contribuant à créer plus de porosité entre eux.
En revanche, dans un contexte économique tendu, le scénario « revenu universel » aura sans doute moins d’opportunités de s’imposer comme une option réaliste.
Depuis la parution de l’étude, selon le rapport annuel 2022 de la Banque mondiale, sous l’effet de la convergence de crises (sanitaire, climatique, géopolitique), l’incertitude semble s’être invitée dans notre époque, et, de fait, dans le marché du travail. La crise du Covid ayant joué…
